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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2005-01-03 | [This text should be read in francais] |
La rose se trouve ici, entre deux mondes –
Celui du soleil et celui de la neige si douce. Si l'on pouvait parler avec les deux mondes, Ils nous donneraient peut-être un coup de main. On espère que le soleil se lève encore demain, Et que la lune sourit chaque nuit Pour que la rose portée par le vent du tropique soit forte. Que la rose soit l’amie du soleil et de la lune! par Yohanes Manhitu (Jogjakarta, le 18 novembre 2003) ............................................................ Nous formons sur Agonia une communauté de tous horizons et cette catastrophe ne laisse personne indifférent; je vous propose d'écrire quelques vers, si vous le voulez, en solidarité avec l'Asie du Sud-Est. Je vous remercie pour votre participation. Nicole Pottier. ............................................................ La mer de boue vagues visqueuses ondoyant le plein le creux terreuses les vagues brunâtres s'enlisent en elles-mêmes mort ou sommeil ou argile l'air sombre ne ressemble pas à la nuit ayant capté les reflets des vagues il a perdu la transparence ondoiement sur des plages flexibles ondoiement avance je descends pour mieux voir les vagues de boue la plage a séché entre-temps quel temps? par Marlena Braester ************************* Depuis tout ce temps tu étais trop pris par d'autres affaires, Seigneur, ou, peut-être que, tout simplement, tu as oublié... depuis deux mille ans on fait sans cesse des cercueils, alors que toi, là -haut, tu es fort courroucé pourtant, Seigneur, tu devrais notre sort, peut-être, pourquoi pas, améliorer, car il nous pèse trop sur cette terre abandonnée depuis deux mille ans on fait sans cesse des cercueils, et toi, depuis tout ce temps tu as oublié... par Nichita Victoria ***************************** la mer s’enroule sur la terre déferle sur les hommes dans le chaos des larmes quelle est cette vague qui démonte le monde à triple coups de lames ? elle se déchaîne en furie emporte le cœur des arbres dans un paquet de mer je, tu, il pleurons les enfances arrachées les mères disparues les regards perdus dans les bras de la vague par Cécile Guivarch **************************** A la lumière du calvaire La vie s'efface et le mal s'amplifie, le courant de la fin se déplace à grands pas ses eaux usées défient les espoirs de tous les siècles. Sur terre le soleil de la vie se couche, en mer le glaive forgé dans les ténèbres jaillit de l'enfer et s'élève dans les airs. Les démons d'Arès sont lâchés, quelque chose en nous s'est brisé, le coeur tremble, nos certitudes s'ébranlent. La solidarité dans la douleur, révèle la chaleur de l'amitié. L'hommage des anges Les nuages s'abaissent pour regarder la terre en sanglots, les mages descendent les marches de l'espoir et s'adressent aux athées. levez vous, allez n'ayez crainte ceux qui ne sont plus s'inquiètent désormais pour vous. Dans la délivrance de leur dernier voyage, leurs âmes ont retrouvé amour paix et réconfort comme au commencement. Les gardiens du très-Haut ouvrent les portes des cieux à ceux qui ont été choisis. Le grand Donateur Cette nuit, la lune sera ma seule fortune, à l'aube, demain elle tracera mon chemin. De mains en mains, elle se répandra partout, guidée par l'élan des coeurs, elle parviendra sans heurts de la détresse, émergera la richesse, une grande générosité et le sentiment de ne jamais être lésé, donner, c'est aussi aimer et le montrer. par chrisNJOYA ******************************************* Comme on brûle J'aimerais bien servir à quelque chose. Comme un chandail troué qui réchauffe un clochard, une conserve ébréchée qui sert encore de tasse, un poisson qui sourit dans un aquarium. Mes mots sont trop petits pour la grandeur du monde. Quand je parle de moi je parle de chacun. Je suis la foule. Vous êtes moi. Les mots sont une chair commune. Si je prends trop de place c'est que d'autres se taisent. Je voudrais lire le monde sans avoir à l'écrire. Quand on n'a plus de feu, on s'éclaire avec l'ombre. J'écris comme on brûle pour réchauffer les autres. Lorsque le vent retient son souffle, les cerfs- volants redoutent le regard des cieux. L'océan tour à tour fait la rage et l'amour. Un côté de mon âme donne sur les ordures, l'autre pointe au matin sur des vagues de fable. On ne peut pas toujours se nourrir de rêve. Les sables quelques fois ne sont pas que de fable. La mer a noyé des milliers d'enfants pauvres. Que faire de mes mots qui ne savent pas nager ? Que faire de ces phrases que leur tendent mes mots ? On a besoin de lait, de tracteurs et de soins. Mes vieux mots sont un boeuf qui laboure l'azur. On a besoin de pain, de clous et de béton. Je n'ai qu'un pain d'espoir et c'est un pain de cirque. On a besoin de muscles, pas de moulin verbal. Je persiste à écrire malgré tout, malgré moi. Le poème est toujours un berceau, de celui qui l'écrit à celui qui le lit. La parole est une main que se tendent les hommes. Elle prouve quelque fois que nous ne sommes pas seuls. Par-delà les frontières, des lèvres se rejoignent, des mots font l'accolade, des clins d'oeil s'échangent, des rêves passent en contrebande. 14 janvier 2005 par Jean-Marc La Frenière ***************************** Le signe La vague n’est pas la vague mais seulement l’image de la malédiction la mer retire son ventre s’habille en chant funebre. l’air de plomb avale jusqu'au refus le Paradis des visages sans couleur s’acrochent aux arbres comme des feuilles sans vie ce n’est ni la mer, ni le ciel les ondes ressemblent à la mort les trompettes effrayent les profondeurs ceci est le signe. par Marina Nicolaev **************************** Requiem dans la boue Elle est là , je le sais, sous l’ordure, quand cette mer éponge, d’un linge indifférent, les menstrues rouges du soleil. Elle est là , ma mère et je la sais débris sous d’autres, tout passé trépassé éparpillée peut-être sous ce tapis qu’elle tissait la veille comme un sourire, ou bien sous ces filets qu’allait tendre le père. « Qui perd son corps perd un peu d’âme », disait-il. Où gît-il celui-là , dépouillé de son nom ? Peut-être ici, ou nulle part au loin son corps mêlé à ceux d’inconnus. La vague effeuille lentement ce grand cahier de sables chauds où s’écrivaient les rêves d’une touriste nue. Maintenant nue autant que nous, les pauvres, nue sous le flot et l’algue et comme seul peut l’être un poisson mort. Elle est là sous l’ordure, ma mère Et son odeur mêlée aux autres dans les draps ignobles du vent. « Rien ne reste et tout s’en ira » Disait-elle. Mais pas ainsi, ma mère, Pas ainsi d’une mer hier devenue folle Tout comme je vais l’être ! par Yves Heurté **************************** Sumatra Des soleils que l'azur ne peine à ceindre Elisent des ombres rares et fines Dans le sable au si brun d'or Où recroquevillés dans leurs empreintes Les pas ne cessent de bruisser aux saisons claires Sumatra Belle île à l'immensément chérir Sumatra D'émue verdure en crépuscule Comme charriant mille Indes Et les versant en reflets sur l'océan d'aux soirs Sumatra belle A ses nuits des poignées d'étoiles Comme autant d'édens par Teri Alves *********************************** Tsunami Y sentà que la muerte era una flecha que no se sabe quién dispara y en un abrir los ojos nos morimos. (Octavio Paz, El pájaro) Tout porte les chansons de douleur Sous le ciel qui verse la pluie de larmes. Ulcère au cœur, c’est ce que nous avons, Nicher dans les ruines est une évidence, Avec de l’aide, on boit une gorgée d’eau. Mort, morte, mortalité sont les mots Immortels immortalisés par la mort. Jogjakarta, le 29 janvier 2005 par Yohanès Manhitu ....................................................... Tsunami 2004. Tout est bonheur sur cette plage, Corps bronzés et fleurs sauvages, Dans tous les cœurs font des ravages. Sous le soleil loin des étoiles, Bateaux de pêche et planches à voiles, Tissent une ronde magistrale. Près des palaces à l’horizon, Sur un océan de gazon, Des enfants blonds jouent au ballon. Mais de ce monde calme et serein, Surgit un mur, un assassin. Enorme vague meurtrière, Sortie des entrailles de l’enfer. Sans distinction, sournoisement, Elle engloutit tout le vivant. Puis s’en retourne en fracassant, Objets divers et survivants. A la télé sur toutes les chaînes, Les mêmes images se déchaînent Des corps s’empilent sur la plage Des sauveteurs fouillent avec rage Pendant ce temps de toute la terre Monte une vague solidaire Chacun veut marcher droit devant Venir en aide aux survivants De toutes parts, les dons affluent. Des sommes folles, du jamais vu. Mais quel dommage qu’il ait fallu, Tant de misères et de souffrances Pour que résonnent comme un tambour Solidarité……et…. amour par Jean-Jacques Boquet ....................................................... Jour de colère Un Tsunami, le 26 décembre 2004. J’envie ton indolence ton aveuglement j’envie tes colères tes humeurs tes ruades grandioses et barbares. J’envie tes courbes pleines tes douceurs d’oiseau tes fresques amples j’envie tes silences d’ermite paisible tes jaillissements soudains tes sursauts tes cris. J’envie ta force tes remous tes bourrades tes nuits abyssales où la mort et la vie cheminent aveugles. J’envie tes profondeurs sereines et sourdes martelées pourtant de multiples pas j’envie ton détachement ta passivité face aux voix pleurantes face aux cris. J’envie ton souffle aux grands vents pareil ivres d’eux-mêmes ivres de leurs valses tourbillonnantes dévastatrices. J’envie ta mémoire obtuse carnet sans mots vide stagnant j’envie l’humus de tes racines griffues sauvages. J’envie tes frissons immenses tes spasmes tes contractions j’envie ta jouissance. Moi, parmi tous. Nous insectes bousculés écrasés nous épaves creusées d’angoisses nous infimes envahis en nos lambeaux dérisoires en nos souillures amères en nos vies éclatées divisées nous en nos quêtes illusoires en notre éphémère durable nous en nos palais de carton-pâte en nos artifices nos apparences nos appétits écoeurants nous sans vergogne en nos flétrissures nous inévitables rêveurs infatigables fuyants. J’envie les rides lentes du sable tes mers invaincues j’envie tes veines fluviales tes falaises et lagunes j‘envie ta superbe indifférence. Je t’envie, Terre ! 31 12 04 Agnès Schnell. ....................................................... Merci pour vos témoignages, les mots sont "peu de chose" face à la douleur, sans doute, mais ils servent à transcrire nos sentiments et nos émotions. Ils servent aussi à partager, car ils sont le propre de l'homme qui s'exprime. Et je veux croire en ce langage de l'amitié et de la solidarité. Nicole Pottier. |
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