Photo : Le 15 septembre 2025, à 18 heures 30, sur le parking de l’Intermarché de Liège Burenville (Belgique).





Ce qui me rassure sur l’avenir de l’humanité, une humanité toujours en marche, comme une chenille rêvant de devenir papillon ; c’est qu’elle est encore capable de s’émerveiller, petits et grands, enfants et vieillards, savants et incultes…

Le Sapiens est « Capax mirabundi », c’est-à-dire encore capable de sortir de la narcose des grands magasins pour lever les yeux au ciel ; encore capable de sortir de sa voiture pour admirer un paysage ; capable de quitter ses occupations un instant ou laisser là ses problèmes, pour contempler un humble arc-en-ciel …

Oui, aujourd’hui encore, le Sapiens est encore capable d’émerveillement, de rêves, de miracles et de féeries…

Aujourd’hui encore, l’humanité est toujours capable de se sauver, de se sauver comme un seul être responsable.

Pas comme une victime, non pas comme plié sous la culpabilité, mais comme un être qui s’assume dans sa pauvreté et sa petitesse, et qui, avec miséricorde, reconnaît qu’il n’est pas encore arrivé et qu’il lui reste encore un long chemin à parcourir…

L’émerveillement, c’est une forme d’ouverture du cœur, comme un état de pure conscience, sans pensée, sans réflexion aucune, un état d’éblouissement devant une autre réalité, comme face à un aperçu de la transcendance des choses.

Cet émerveillement, il se situe bien au-delà de l’étonnement ou de la surprise, et même au-delà de la méditation ou de la contemplation…

Tel un voile léger et transparent entre l’intime et l’ultime, l’émerveillement transcende notre quotidien et ses délimitations habituelles, c’est un arc d’alliance, une arche en ciel, qui montre la légère frontière qui s’étend entre l’être et le faire, entre nos petits « moi-je » mesquins et égocentrés et un soi collectif et impersonnel.

C’est comme un voile d’innocence qui descend sur nos sens, sensations et sentiments, comme pour nous signifier qu’il y a autre chose, entre la pesanteur d’exister et la grâce d’être, ou dit autrement, autre chose entre l’existence et ce que pourrait être pour chacune et chacun, l’enchantement de « la vraie vie ».

Il en est de même de la poésie et de la spiritualité, et de toutes ces capacités fondamentales qui en nous préservent notre humanité face aux défis d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

L’émerveillement, est plus qu’un état de conscience, c’est une qualité d’expérience particulière, où nos préoccupations ordinaires s'effacent momentanément pour laisser place à une perception bien plus large.

Comme le bourgeon, la larve ou la chenille, malgré nos diverses limitations, cette disposition du cœur à s'émerveiller contient et maintient en nous la possibilité vivante d'une transformation possible, d'un dépassement de nous-mêmes, en quoi, ça me rassure sur l’avenir de l’humanité.

Parce que l'émerveillement, comme les arts, ne sont nullement des formes d’évasion du réel, mais des expériences du surgissement du Réel dans nos vies, une forme de Deus ex machina qui survient comme une forme pure et spontanée d’immédiateté, dans « l’instant présent » d’une intériorité et d'une expérience, et peut-être même d’un éveil transformateur...

Comme un émerveillement qui nous ouvre à quelque chose de plus grand que nous, comme à une « Présence » permanente, que l’intempestivité de nos moi-je, la prégnance de nos occupations, préoccupations et autres biais cognitifs, nous empêchent souvent de percevoir.

L'émerveillement, extrait de l'Evangile selon le Grand-Cloud.