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La poésie Nahuatl
personals [ ]
Poésie du Mexique Ancien

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by [Cecilg ]

2005-02-27  | [This text should be read in francais]    | 




Il me semble que nous ne pouvons pas parler de la poésie mexicaine contemporaine sans avoir au préalable voyagé dans le temps. Le nahuatl était la langue parlée par les aztèques qui vivaient dans l'actuelle vallée de Mexico. L'empire aztèque était très important, la capitale en était Tenochtitlan, citée lacustre. Signalons au passage que dans cet empire le nahuatl était la langue officielle mais cohabitaient de nombreux peuples aux idiomes différents.

Pour comprendre la poésie nahuatl, il y a quelques principes à retenir. Tout d'abord, précisons que c'est une langue relativement claire très facile pour les traducteurs. Les aztèques ne maîtrisaient pas l'alphabet, la poésie était donc essentiellement orale et surtout chantée accompagnée de musique et de danses.

La poésie pour les anciens mexicains occupait une place très importante. Elle était d'origine divine, elle était un don des dieux "le vent qui vient des dieux". Ceci implique donc que la parole des poètes était de première importance et on ne pouvait pas la réfuter, car il était celui qui révélait la vérité sur terre.

Ensuite en ce qui concerne la technique à proprement parlé, voici quatre points essentiels :
- le nahuatl a une vocalisation constante des sons essentiels
- absence des gutturales et des nasales
- composition des mots par juxtaposition et incorporation. Les syllabes sont modifiées quand la concision et l'euphonie l'exigent
- une extrême concision, c'est à dire qu'un seul mot était utilisé pour tout une idée ou une métaphore. Par exemple un mot pouvait avoir 20 lettres et plus.

En ce qui concerne la construction des poèmes, c'est un peu comme les poèmes français mais le compte ne se fait pas sur les syllabes mais sur les accents.

En ce qui concerne les thèmes abordés, la poésie aztèque est très marquée par la croyance des dieux. Les aztèques vivaient sous l'emprise de la religion. Beaucoup de poèmes étaient dédiés à Quetzalcoatl ou le serpent à plume (ce dieu est monté dans le ciel est a pris la forme de Venus. La légende disait qu'il reviendrait sous une apparence et avec la peau blanche, voici pourquoi les anciens mexicains ont pris les espagnols pour des dieux), Huitzilopochtli, ou le dieu colibri, ou encore le 5ème soleil (ce dieu se nourrissait de sang, dit le nectar des dieux, si les hommes le nourrissaient mal, la fin du monde était fatale. Pour célébrer Huitzilopochtli, les anciens mexicains ont sacrifiés 20000 personnes en une journée. Les espagnols disaient que la civilisation aztèque était l'œuvre du diable.) pour nourrir ce dieu, les aztèques pratiquaient la guerre fleurie. les prisonniers de guerre étaient sacrifiés en son honneur. Mais ils ont aussi chanté d'autres divinité comme Itzpapalotl (la femme serpent) qui personnifie la terre, Xochipilli, le seigneur des fleurs (dieu des jeux, dans et sport)

Signalons au passage que les fleurs, le colibri et le papillon représentaient des symboles de l'âme.

Enfin, un poète très important sous l'empire aztèque, il s'agit du roi Nezahualcoyoth. il avait crée dans son palais une vaste université poétique et philosophique. Il avait des idées contraires à ses contemporains et se désolait du devenir de la condition humaine. Il avait d'autres idées en matière de religion et avait fait construire un temple pour célébrer un dieu sans nom et sans figure. Les dons pour ce dieu étaient constitués de plumes et d'or. Dans les poèmes de Nezahualcoyoth est née une nouvelle forme de poésie, car on commence a y parler de l'homme et de la souffrance humaine.

(J'ai essayé de résumer ici de la belle préface de Jean-Clarence Lambert dans Les poésies mexicaines, éditions Seghers, 1961.)

POESIE NAHUALT


Lorsqu'il arriva au bord de la mer divine,
au bord de l'océan scintillant, il s'arrêta pour pleurer.
Il prit ses ornements et s'en revêtit,
il mit sa parure de plumes de quetzal, son masque de turquoises.

Et quand il fut ainsi paré, il monta sur un bûcher (il prit feu de lui-même),
les flammes l'entourèrent : c'est pourquoi l'on nomme
Bûcher le lieu où fut brûlé Quetzalcoaltl.

Et il est notoire qu'alors qu'il brûlait, que ses cendres montaient,
on put voir, venus pour le contempler,
les oiseaux au riche plumage qui passent dans le ciel :
le guacamaya aux plumes rouges, l'azulejo, l'étourneau léger,
l'oiseau blanc qui brille, les perroquets, les jaunes
papegais, tous les oiseaux précieux.

Lorsque cessèrent de brûler ses cendres,
le cœur de Quetzalcoatl monta dans le ciel.
Et ceux qui le virent monter dire qu'il y entra,
et les anciens affirment qu'il devint Etoile de l'aube,
celle qui apparaît dès le matin. Elle apparut,
elle vint pour la mort de Quetzalcoatl.

Et c'est pourquoi on le nomme Celui qui commande à l'Aurore.

On dit aussi qu'à sa mort et durant quatre jours
nul ne le vit car il était descendu au Royaume de la mort.
Là, durant quatre jours il acquit maints rayons, et huit
jours plus tard,
il apparut tel un astre majeur. Et l'on sait que depuis
il règne.

Poème traduit du Nahuatl de l'époque aztèque, Les poésie mexicaines, éditions seghers 1961, pages 55, 56


Mon cœur est heureux.
J'entends une chanson,
Je vois une fleur.
Puissent-ils ne jamais se flétrir ici-bas !

Netzahualcoyotl (1402-1472) dans Il vient, il vient, le papillon, éditions Paupières de terre, page 35


Fais résonner le tambour fleuri,
Toi, chanteur,
Fais résonner tes sonnailles fleuries !
Qu'elles se répandent,
Qu'elles tombent en pluie
Les fleurs parfumées,
Les fleurs précieuses !

Anonyme (XVème siècle) dans Il vient, il vient, le papillon, éditions Paupières de terre, page 25


Il vient, il vient, le papillon.
il vient, volant ailes éployées.
Il vient sur les fleurs, il butine.
Qu'il soit heureux ! Son cœur s'ouvre !
Il est une fleur.

Anonyme (XVème siècle) dans Il vient, il vient, le papillon, éditions Paupières de terre, page 43



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