agonia
english

v3
 

Agonia.Net | Policy | Mission Contact | Participate
poezii poezii poezii poezii poezii
poezii
armana Poezii, Poezie deutsch Poezii, Poezie english Poezii, Poezie espanol Poezii, Poezie francais Poezii, Poezie italiano Poezii, Poezie japanese Poezii, Poezie portugues Poezii, Poezie romana Poezii, Poezie russkaia Poezii, Poezie

Article Communities Contest Essay Multimedia Personals Poetry Press Prose _QUOTE Screenplay Special

Poezii Românesti - Romanian Poetry

poezii


 


Texts by the same author


Translations of this text
0

 Members comments


print e-mail
Views: 5580 .



Le ver luisant
poetry [ ]

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
by [Marceline_Desbordes-Valmore ]

2010-10-20  | [This text should be read in francais]    |  Submited by Guy Rancourt




Juin parfumait la nuit, et la nuit transparente
N'était qu'un voile frais étendu sur les fleurs :
L'insecte lumineux, comme une flamme errante,
Jetait avec orgueil ses mobiles lueurs.

"J'éclaire tout, dit-il, et jamais la Nature
N'a versé tant d'éclat sur une créature !
Tous ces vers roturiers qui rampent au grand jour,
Celui qui dans la soie enveloppe sa vie,
Cette plèbe des champs, dont j'excite l'envie,
Me fait pitié, me nuit dans mon vaste séjour.
Nés pour un sort vulgaire et des soins insipides,
Immobiles et froids comme en leurs chrysalides,
La nuit, sur les gazons, je les vois sommeiller :
Moi, lampe aventureuse, au loin on me devine ;
Étincelle échappée à la source divine,
Je n'apparais que pour briller.

"Sans me brûler, j'allume un phare à l'espérance ;
De mes jeunes époux il éveille l'amour ;
Sur un trône de fleurs, belles de ma présence,
J'attire mes sujets, j'illumine ma cour.

"Et ces feux répandus dans de plus hautes sphères,
Ces diamants rangés en phares gracieux,
Ce sont assurément mes frères
Qui se promènent dans les cieux.
Les rois qui dorment mal charment leur insomnie
À regarder courir ces légers rayons d'or ;
Au sein de l'éclatante et nocturne harmonie,
C'est moi qu'ils admirent encor :
Leur grandeur en soupire, et rien dans leur couronne
N'offre l'éclat vivant dont seul je m'environne !"

Ainsi le petit ver se délectait d'orgueil ;
Il brillait. Philomèle, à sa flamme attentive,
Interrompt son hymne de deuil
Que le soir rendait plus plaintive :
Jalouse, ou rappelant quelque exilé chéri,
Mélodieuse encor dans son inquiétude,
Amante de ses pleurs et de la solitude,
Elle épuisait son coeur d'un lamentable cri.
N'ayant de tout le jour cherché la moindre proie,
Par instinct, sans projet, sans joie,
Elle descend à la lueur
Qui sert de fanal pour l'atteindre ;
Et, sans même goûter de plaisir à l'éteindre,
S'en nourrit, pour chanter plus longtemps sa douleur.

(Marceline Desbordes-Valmore, Œuvres poétiques)


.  |










 
poezii poezii poezii poezii poezii poezii
poezii
poezii Home of Literature, Poetry and Culture. Write and enjoy articles, essays, prose, classic poetry and contests. poezii
poezii
poezii  Search  Agonia.Net  

Reproduction of any materials without our permission is strictly prohibited.
Copyright 1999-2003. Agonia.Net

E-mail | Privacy and publication policy

Top Site-uri Cultura - Join the Cultural Topsites!