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Le Marchand d’Artmelo (3)
proză [ ]

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de [h.p.sebastian ]

2025-11-18  | [Acest text ar trebui citit în francais]    | 



Il y a du silence dans la Chambre Sans Couleur.
Ou peut-être pas du silence — peut-être l’attente.
Une attente longue, grise, qui ne finit jamais, qui efface tout :
les visages, les rêves, les commencements.
Sur une chaise, la Tête Condamnée au Silence regarde le mur.
Elle ne parle pas.
Elle pense, lentement, comme si chaque pensée était une blessure.
Sa voix intérieure murmure :
— Je suis né trop tôt. Trop tôt pour le monde, trop tard pour le cri.
L’Incubateur Artmelien m’a tenu en vie, mais il a volé mes mots.
Autour d’elle, le Chœur des Patients endormis récite une litanie de souffle :
« Je me tais. Tu te tais. Nous nous taisons. »
Le Lecteur entre par la droite.
Il porte un manteau trempé d’ombres et un carnet noir.
— Tu m’attendais ? demande-t-il.
La Tête incline à peine le front.
— Je t’attends toujours.
— Pour quoi ?
— Pour qu’on parle de rien. C’est tout ce qu’il reste à dire.
Sur le mur, des phrases effacées :
Modernisme — Postmodernité — Théâtre — Vin — Silence.
Le Lecteur lit à voix basse :
— “Chaque idée est une erreur du cerveau.”
L’Ombre, tapie dans un coin, rit doucement :
— Et pourtant, vous continuez à penser. Quelle tragédie inutile.
La lumière vacille.
Une table apparaît.
Dessus, un verre vide, une plume, une note froissée :
« J’ai cru en la rédemption par le lavage du cerveau. »
Le Lecteur la déplie, lentement.
— Et tu as trouvé la rédemption ?
— Non, répond la Tête. Seulement le théâtre.
— Le théâtre ?
— Là où les morts rêvent encore.
Le Chœur des Aveugles à la Lunette traverse la scène.
Ils cherchent les formes du monde avec leurs doigts.
L’un d’eux murmure :
— On a joué la Roulette Artmelienne.
— Et alors ?
— On a perdu. Comme toujours.
Un bruit sourd. Trois coups à la porte.
Personne ne répond.
Le Lecteur s’avance :
— Ouvre.
— À quoi bon ? répond l’Ombre. Ici, chaque ouverture est une fin.
Silence. Puis la Tête Condamnée au Silence se lève.
Elle tend au Lecteur un billet froissé :
« Moitié plus un. »
Le Lecteur ne comprend pas.
— C’est le poids de mon cerveau, dit-elle. Et de ma faute.
Les lumières s’éteignent peu à peu.
Ne reste qu’un papillon géant suspendu au plafond.
Il bat des ailes lentement, comme une horloge fatiguée.
L’Ombre s’approche de la Tête :
— Tu veux encore parler ?
— Non.
— Alors écris.
La Tête écrit sur la table :
Je me tais.
Puis une deuxième fois :
Je me tais.
Puis encore :
Je me tais.
Le Chœur entonne, presque imperceptible :
« Artmelo... Artmelo... et le silence... »
Rideau.

*
La scène est plongée dans une brume bleutée.
Un souffle court traverse l’espace, haletant, presque vivant.
Une voix s’élève, lointaine :
— Comment sommes-nous arrivés ici ?
Silence.
Personne ne répond.
Nous avons creusé un tunnel immense.
Sous le sol du théâtre.
Sous la peau du monde.
Nous avons élevé des dunes de boue,
et chaque pas que nous faisions laissait une trace — éphémère, inutile.
Deux pas à gauche.
Trois pas à droite.
Puis plus rien.
Nous n’existons plus.
Nous sommes figés.
Psychiquement. Physiquement. Asthmatiquement.
La longue nuit s’étend comme une nappe de goudron.
Nous nous souvenons d’un seul moment :
la Chute du Rideau.
De cuivre.
De plomb.
De fer.
De rien.
Derrière, la lumière s’éteint.
Le Chœur des Malades tousse à l’unisson.
Chaque toux est une réplique manquée.
Nous avons grandi dans la Cellule.
Dans la Chambre Obscure.
Derrière le Théâtre des Amateurs.
Nous avons recueilli les restes d’une société malade,
morceaux de rires, éclats de slogans, bouts de peau.
Nous sommes devenus malades avant l’heure.
Non — avant la limite.
C’est pour cela que nous avons fait fuir les tueurs au sang froid.
Nous avons retourné la pièce.
Jeté la pièce.
Mais la pièce n’a pas tourné.
Rien n’en est sorti, sinon un battement d’ailes.
Peut-être Artmelo.
Une lumière rouge s’allume.
Un murmure :
— Nous n’avons rien fait de mal.
Nous étions là, simplement.
Nous avons vu le carnage.
Ou sa répétition.
S’il n’a pas plu sur la scène,
alors les Acteurs ont perdu leurs couleurs.
Nous, nous n’en avons jamais eues.
Parce que nous n’avons pas joué la pièce.
Nous l’avons écrite.
Invisible.
Inexistante.
Le Lecteur traverse lentement la scène.
Il tient un papier froissé.
— Vous avez signé ? demande-t-il.
— Oui, répond la Voix.
— Et que contenait la signature ?
— Rien. Une invitation. Une soirée agréable. Une fin annoncée.
Le Chœur répète, de plus en plus bas :
« Nous avons ouvert la porte. Nous avons riposté. Nous avons perdu. »
Sur la table, une boîte métallique s’entrouvre :
Pandore.
Une poussière s’en échappe — blanche, dense, irrespirable.
L’Ombre s’avance, masquée.
— Qu’avez-vous libéré ?
— Le banal, répond la Voix. Nous l’avons tué.
Et en le tuant, nous sommes devenus...
Silence.
Un souffle.
Un autre.
Puis tous, à l’unisson :
— Asthmatiques.
— Asthmatiques.
— Asthmatiques.
La lumière s’éteint.
On n’entend plus que la respiration.
Puis plus rien.

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