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sans passeport ni monnaie
proză [ ]

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de [erableamots ]

2006-10-22  | [Acest text ar trebui citit în francais]    | 



SANS PASSEPORT NI MONNAIE



Sans gare ni bagages, le dernier train des vagues déraille sur la plage. J’ai gardé de l’abîme le souvenir d’une aile, la caresse du ciel sur le sommet des arbres. Je suis comme ces loups qui hurlent sans oublier la faim. Courant du pain au boire, le verre s’est cassé en me donnant de l’eau. Une pellicule de glace recouvre les fenêtres. Il suffit d’un souffle pour embuer la vitre, d’un seul doigt pour écrire. Les mots sont des passants qui cherchent une route. Trop de pas sur la route effacent le marcheur. Les larmes de nos morts ont façonné la pierre. Dans le berceau des rives, un fleuve rêve à la mer. Chaque maillon de la mort rattache tous les hommes. Il suffit d’un amour pour en briser la chaîne et remplacer le fer par une aile d’oiseau. Avec tant de voyelles autour, le s d’un oiseau peut voler sur la page.

Mes yeux scrutent la vie, les bêtes, l’eau, les arbres, les saisons, la nature tout entière. Tant de questions se dressent sur la tige des plantes, de fleurs sur les branches, de peurs chez les hommes. Des images naissent en moi, se mêlent, s’enchevêtrent. Elles échappent aux rênes de mes yeux et glissent jusqu’aux lèvres. J’ignore d’où viennent les mots, ceux qui délivrent ou qui oppressent, les mots qui dansent ou qui nourrissent, les mots qui blessent ou donnent vie. Un crayon à la main, je traverse le monde. J’appréhende l’espace. J’étire le temps ou le rapetisse. Je touche les pépins derrière la peau des choses. Je ne veux pas mourir sans avoir vécu, sans regarder l’immense dans les yeux, sans connaître l’amour, un amour entier, violent, absolu, de cette violence calme dont se dressent les arbres, dont se tressent les fleurs.

Le monde que je découvre en moi est-il le même que je parcours ? Qu’ont en commun le rêve et le réel ? Les mots sont les doigts d’une main, les pas sur la route, les flocons qui s’unissent pour devenir la neige. Au soleil, on ne parle pas du même ton qu’à la pluie. Il y a des mots pour chaque saison, chaque seconde, chaque atome du monde. Quand la pleine lune inonde chaque chose, on croit toucher une âme. On trouve dans la nuit des variétés de noirs, du gris pâle aux ombres plus foncées, de l’ébène au vert noir des sapins. On trouve à chaque pas des chemins différents.

On ne sait pas la mort. On ne sait pas la vie. On cherche dans la nuit ce que le jour disait. Ce qu’il y a de plus pauvre, de plus démuni en nous, prend sa richesse dans le monde. La moindre étincelle agrandit le regard. Tout ce qu’on ne sait pas enrichit notre soif. De question en question, un squelette prend chair. Pour aimer, il faut offrir, sans contrôle, sans mesure. Chaque amour trouve en lui son trésor.

Au milieu des érables, un grand bouleau se cache pour pleurer. Je m’appuie sur son tronc pour écrire. Ses larmes glissent sur mes cheveux. Dos à dos, nous regardons le ciel. J’essaie d’imaginer ses mots dans les nuages qui passent. Je plante mes yeux dans le regard du vent pour qu’il y pousse des images. Je m’attarde aux fourmis qui grimpent sur l’écorce. J’écoute chanter la source émergeant d’une souche. Perdre son temps, c’est goûter l’infini. Je rapaille un à un tous mes lambeaux de vie. Je voudrais m’habiller de musique, me dévêtir le cœur.

À l’automne, j’ai dans le cœur des feuilles mortes qui tombent, un ciel voilé de pluie, des racines qui dorment, des tiges pétrifiées. Des mots remontent du murmure intérieur, un embryon de phrases. Enfant resté rebelle, inadapté à l’ambition sociale, au confort du silence, je demeure à l’écoute du murmure des choses. Je me saoule de sens dans l’ivresse de l’encre. Ce que les mots ne peuvent pas dire, il arrive que les yeux le fassent. Si j’ai lu en boulimique ou en autodidacte, c’est en oiseau que je voudrais parler, en agate ou en quartz, en argile ou en bois. Mon loup m’a plus appris que les traités savants. Je reste cet enfant qu’une brindille étonne, qu’une truite fascine. J’écris avec la terre, le vent, le sang, la peur des papillons, l’éloignement des étoiles, le magma en fusion, la chair de l’esprit. J’essaie de dégager un arbre de la tourbe, une forme de la boue, un ange de la chair.

J’ai commencé d’écrire avant d’apprendre à lire. En aveugle. À tâtons. Peu à peu, le voile se soulève. Je creuse les ténèbres pour trouver la lumière. Je referme l’écran où se fixe ma peur. J’apprends à lire les visages, les signaux qu’ils émettent, l’hologramme des rides, les sourires cachés, le dialogue muet des yeux, les larmes que l’on cache. La vie se hâte et j’y traîne la patte. Les abeilles bourdonnent. Je les entends chanter le rêve du pollen. Dans les mots des enfants, le chant du coq réveille le soleil. Appuyé sur l’abîme, l’horizon se redresse. J’avance pas à pas de la soif à la source. Le sang ne coule plus à côté des blessures. Le sang renoue avec le cœur. J’écris pour éviter l’asile, la prison ou la seringue.

17 octobre 2006

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