UN CHAT TRAVERSE LE SILENCE



Les gouttes de pluie forment un embouteillage à l’entrée du jardin. Des petits convois d’eau regagnent les rigoles. Une rivière en haillons retrouve ses atours. Les coccinelles à pois se cherchent un imper. Les écureuils dans leurs trous attendent l’accalmie. L’eau a le goût de la pierre. Elle construit et déconstruit la terre. Elle ne se lasse jamais de caresser la peau. Chaque goutte de pluie explore la matière. À chaque jour, il faut oser le bonheur.

Le soleil qui fait vivre les fleurs les fait aussi mourir. Un chat traverse le silence. Sa queue laisse des signes que je ne comprends pas. Le ciel tout entier pénètre dans l’eau vive. Une mésange y boit ce qu’il lui faut d’espoir pour construire son nid. Dans le néant du bruit, je déchiffre des doigts une veine qui court au milieu d’un caillou, une racine inquiète du sort de la fleur, une cicatrice fermée sur sa propre douleur. La bête est toujours là tapie dans le poil d’un homme. L’oiseau est un signet dans le livre du ciel.

Même les grands parfois ont envie de pleurer. La peur dans la nuit a une voix d’enfant. Un poème ne vit pas séparé de la terre. Les mots ont des racines jusqu’aux bras des nuages.