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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2005-04-23 | [This text should be read in francais] | Photo : http://tsvetaeva.free.fr Une fleur épinglée à la poitrine. Je ne sais déjà plus qui l'a épinglée. Inassouvie, ma soif de passion, De tristesse et de mort. Par le violoncelle et par les portes Qui grincent, par les verres qui tintent Et le cliquetis des éperons, par le signal Des trains du soir, Par le coup de fusil de chasse Et par le grelot des troïkas - Vous m'appelez, vous m'appelez, Vous - que je n'aime pas ! Mais il est encore une joie : J'attends celui qui, le premier, Me comprendra, comme il le faut - Et tirera à bout portant (poème écrit le 22 octobre 1915 - L'offense lyrique, Présentation Henri Deluy - Éditions Fourbis, page 33) La poésie de Marina Tsvetaeva, on la vit, on la reçoit avec toutes ses contradictions et ses éclats intérieurs. On l'écoute avec une attention toute particulière et cette envie de lui dire qu'elle ne doute pas en elle, qu'elle est un grand poète. Celle qui dès les premiers temps de son écriture affirme : « Mes poèmes sont un journal intime » Poète lyrique, Marina Tsvetaeva est née à Moscou en en 1892, publie dans des revues dès l’âge de seize ans, part en exil en 1922 pour une période de 17 années. Et en 1939, lorsqu’elle se prépare à revenir à Moscou, elle écrit à son amie Anna Teskova « Ici, je suis inutile, là bas je suis impossible » La dernière décennie de sa vie, les poèmes sont rares, Marina lorsqu’elle retourne en URSS, en 1939, semble aller de façon consciente vers la mort. En 1941, elle n'est plus la poète, celle qui écrivait en 1926 à Rilke « toute mort de poète, même la plus naturelle est contre nature, c’est à dire un meurtre », s'est pendue. Oreilles obstruées, Et mes yeux voient confus. A ton monde insensé Je ne dis que : refus. (extrait de mars, 1939, traduction de Pierre Léon et d'Eve Malleret, dans Le ciel Brûle, éditions Poésie / Gallimard, page 202.) La poésie de Marina Tsvetaeva est une flamme ardente, une perpétuelle révolution, une adhésion personnelle du poète, elle vient du tréfonds et persiste une obsession amoureuse, une affirmation de soi, de la souffrance, du désespoir. C’est un perpétuel mouvement intérieur, avec des tensions, des déchirements. Comme une rafale de l’âme avec toutes les contradictions qu’elle peut contenir. Une lutte continuelle. « Varier est mon affaire, Marina est mon nom » écrit-elle. Un élément qui revient souvent : la séparation contre l’accomplissement « J’ai aimé toutes les choses de la vie sous forme d’adieu et non de rencontre, de rupture et non de fusion » (Mon Pouchkine) L'écriture est envahissante avec des effractions, des ellipses, une ponctuée d’exclamations, de tirets, de leitmotiv et toute une série de moyens mis en place (euphonie, analogies, effets de sonorités, redondances, rareté des verbes, inversions, etc.) « Trop a toujours été la mesure de mon intérieur » dit-elle. Marina creuse au plus profond d’elle-même, jusqu’au centre de l’instabilité. Elle gravite autour de la peur de l'abandon, du désamour et de l'incompréhension. Marina reçoit un soutien considérable de la part de Pasternak. Ce dernier l’encourage avec ses lectures critiques et attentives. « Le critique est un enquêteur et un amant », écrit Marina (dans Le poète et la critique). Pasternak joue un rôle important dans la vie de Marina et il l’introduit dans une correspondance à trois avec Rilke. Ces correspondances sont disponibles chez l’éditeur Éditions Clémence hiver. On ne guette pas les lettres Ainsi – mais la lettre. Un lambeau de chiffon Autour d’un ruban De colle. Dedans – un mot. Et le bonheur. – C’est tout (extrait de La lettre, traduction de Pierre Léon et d'Eve Malleret, Le ciel brûle, éditions Poésie / Gallimard, page 88) Ces correspondances, avec Rilke, Pasternak mais aussi Anna Teskova, prennent d’autant plus d’importance dans la vie de Marina qu’étant en exil dans un pays où la langue n’est pas sa langue natale, ses poèmes sont peu publiés. Et ceci même par les écrivains émigrés qui s’opposent bien souvent à la publication de ses poèmes. « En Russie, je suis un poète sans livres, ici –un poète sans lecteurs. Ce que je fais, personne n’en a besoin. » Loin de son pays, Marina se conduit vers son propre exil intérieur. De par ses contradictions, son refus des limites, sa provocation ("Écrire c'est entrer sans frapper à la porte" - dans une lettre à Pasternak), Marina se trouve dans l’esseulement et des conditions de vie difficiles, la misère. Elle s’exile de la vie quotidienne, elle écrit à Anna Teskova en 1927 « Tous mes amis me parlent de la vie comme les marins parleraient de pays lointains à des paysans […]. J’en conclu que je ne vis pas dans la vie, ce qui d’ailleurs est clair sans préambule. » Exilée en amour, elle connaît l'abandon, l'éloignement, avec Rilke qui meurt avant qu’ils ne se soient rencontrés, avec Pasternak qui est loin, avec la poétesse Sofia Parnok qui engage la rupture et l’abandonne ainsi, Mandelstam et Alexandre Blok sont morts. Sans passion fidèle, Marina, la tragique, se sent la mal aimée. Marina après s'être exilée de tout, est évacuée du monde, sur son certificat d’inhumation en 1941 il est écrit : « Profession : évacuée » Dans le corps : - en exil Extrême. – Déperdition ! Dans le corps : - dans un mystère, Sur les tempes : - dans l’étau. Du masque de fer. (Extrait, 1925, L’offense lyrique, Présentation Henri Deluy, éditions fourbis, page 147) Sources : Marina Tsvetaeva Une biographie, une bibliographie, des extraits, un forum, des liens Marina Tsvetaeva - Comment ça va la vie ? par Linda Lê - Éditions Jeanmichelplace / poésie 2002 Marina Tsvetaeva - L'offense Lyrique - Présentation et texte français par Henri Deluy - Éditions Fourbis 1992 Marina Tsvetaeva - Sans lui - Présentation et texte français par Henri Deluy - Éditions Fourbis, 1994 Marina Tsvetaeva - Le ciel brûle, suivi de Tentative de jalousie - Traductions de Pierre Léon et d'Eve Malleret - Préface de Zéno Bianu - Éditions Poésie / Gallimard, 2002 Quinze lettres de Marina Tsvetaeva à Boris Pasternak - traductions de Nadine Dubourvieux - Éditions Clémence hiver 1991 Rilke, Pasternak, Tsvétaïeva - Correspondance à trois (été 1926) - Éditions Gallimard Marina Tsvetaeva - Lettres à Anna Teskova - traductions de Nadine Dubourvieux - Éditions Clémence hiver 2002 et pour une bibliographie plus complète : http://tsvetaeva.free.fr/biblio.html d'autres liens : Espace poetique Esprits nomades Par Cécile Guivarch pour Francopolis en partenariat avec Agonia France avril 2005 |
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