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Poezii Românesti - Romanian Poetry

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\"Celebratio\"
article [ Books ]
Angela Nache Mamier

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by [NMP ]

2008-09-20  | [This text should be read in francais]    | 



Rencontre poétique avec Angela Nache Mamier
autour de son ouvrage "Celebratio, ma Roumanie mystérieuse"
le vendredi 26 septembre 2008 Ă  19h00
Ă  la bibliothĂšque municipale de Frontignan
en présence de l'auteur et de nombreux invités, amis de Frontignan et d'ailleurs...




Ce livre, qui fait suite Ă  « Dolor », est une cĂ©lĂ©bration de la Vie en mĂȘme temps qu’un chant d’amour Ă  l’adresse de la Roumanie authentique, loin des chants Ă  la glorification de la patrie (CĂąntarea RomĂąniei) de l’époque du dictateur.

Le recueil se divise en deux parties, la premiĂšre partie s’intitulant d’ailleurs « celebratio ». Ecoutons cette voix condamnĂ©e au silence sous la dictature et qui avec tendresse et sensibilitĂ© brosse de vĂ©ritables archĂ©types au travers de portraits -plus intimes- de ses ancĂȘtres : grands-parents, parents, (ainsi que nous le signalent les dĂ©dicaces de ces poĂšmes), en une CĂ©lĂ©bration -«Celebratio »- titre de l’ouvrage: A ma grand-mĂšre Floarea : “Cette femme sĂšche ne se plaint /Jamais 
 Elle se nourrit Ă  peine/CourbĂ©e sur son tabouret trop bas” (« la Veuve »), Ă  mes grands-parents Ilusz et Mihaly:“ Les deux petits vieux /S’appuient l’un sur l’autre 
 Ils se reposent un petit instant / Sur le banc vieilli ” (“Les insĂ©parables”)... Gens simples, humbles, dĂ©vouĂ©s Ă  leur tĂąche, c’est lĂ  toute l’ñme du peuple roumain que nous (dĂ©)livre l’auteur dans de beaux vers aux doux accents de la nostalgie de son enfance. “Monter les poneys de l’innocence / Boire la mousse chaude du lait ” (“Pluie de farine de maĂŻs”).

La poĂ©sie est le lien qui relie l’homme Ă  son Ăąme, elle se transforme chez l’auteur en un exercice de mĂ©moire qui peint lieux et paysages dans l’évocation de scĂšnes de la vie rurale, dans leur labeur quotidien. Nous retrouvons lĂ  les thĂšmes de la famille comme cellule constitutive de l’ĂȘtre, mais aussi ceux de la nature, Ă  travers les forĂȘts et les cours d’eau, des rites traditionnels lors des fĂȘtes qui rythment la vie : “La matronne a des mains Ăąpres / Trait, pĂ©trit des pains / Laboure les lopins de terre.” (“La patriarche”), “Des femmes (tapent) au lavoir / Blanchissent les corsages fleuris /Dans la clartĂ© des torrents.” (“BrassĂ©es de chanvre”). La Roumanie devient un espace-temps et l’auteur, dans ses rĂ©fĂ©rences culturelles roumaines recouvre son identitĂ© (roumaine) dans cette mĂ©moire sĂ©culaire oĂč la poĂ©sie explore la nostalgie, l’univers du dor, de la complainte, la doĂŻna, avec les thĂšmes de la culture populaire, chers Ă  Eminescu, Ă©lĂ©ments clefs de la littĂ©rature roumaine : “Je me suis laissĂ©e/ Noyer dans l’odeur/ Du blĂ©â€ (“Balade”);“les forĂȘts dorment paisiblement / ensevelies sous la neige” (“Le sommeil des forĂȘts”). La Roumanie est Ă©galement personnifiĂ©e dans l’image de la maison, mĂšre-patrie en tant que foyer sĂ©culaire et havre de rĂ©confort “Chercher la petite forĂȘt vierge 
 Toucher l’arbre berceau et tremplin 
 Revoir le puits encerclĂ© de fougĂšres 
 Revoir la petite chaumiĂšre / Bleu, blanc, ciel” (“Casa”).

Angela Nache Mamier cĂ©lĂšbre aussi la femme dans son recueil. Tout au long des poĂšmes, nous voyons la jeune fille qui s’accomplit, se marie et devient mĂšre. “De jeunes pucelles / Prennent leur contour virginal / Dans les matrices des noces ” (“Hora la ronde”), “Ils acquiescent Ă  l’union / Comme il se doit ”(“Eclats de noce”).

Dans le poĂšme “Mater”, la femme se mĂ©tamorphose en MĂšre. L’auteur utilise en parallĂšle la mĂ©taphore de la rĂ©colte fĂ©conde des blĂ©s mĂ»rs Ă  point, transformant ainsi en archĂ©type de la terre mĂšre nourriciĂšre cette MĂšre, qui lors de la mise au monde, perpĂ©tue la relation essentielle - cette "exceptionnelle rencontre"- avec son enfant, l'inscrivant dĂšs sa venue au monde dans la continuitĂ© des gĂ©nĂ©rations et du savoir: “Moi, la GĂ©nitrice du fils / DĂ©couvrant mon enfant / Quelle exceptionnelle rencontre” (“Mater”).
Cet achĂšvement est prĂ©curseur d’un avĂšnement: quand un cycle finit, un autre naĂźt. “Faites disparaĂźtre les mauvais instants / BrĂ»lez-les au-dessus de la terre” (“Incantation”)

Dans la deuxiĂšme partie, nous assistons au dĂ©part pour l’exil de la poĂ©tesse et ses adieux au pays, oĂč le regard glisse hors du temps, “Les genoux hĂ©sitants / Portent les valises lourdes / Et torrides de la vie. ”(“Au revoir les parents”), dĂ©part vers l’hexagone avec deux enfants et deux valises: “Une nouvelle vie dans un clin d’Ɠil / Cyclonique. / Blottis, un peu ridicules / Avec leurs coeurs –menhirs de rubis”(“ CƓurs menhirs”) dĂ©dicacĂ© Ă  ses deux fils, Ă  la merci d’un destin incertain: “J’arrive Ă  te dire qui je suis / Qui es-tu vraiment ? ”(“ Sur la route”), passage Ă©galement des tĂ©nĂšbres vers la lumiĂšre avec la nĂ©cessaire mĂ©tamorphose du poĂšte face Ă  sa nouvelle rĂ©alitĂ©: “Le droit au bonheur oscille/ Entre les tempĂȘtes et le ciel clair / Car rien ne ressemble plus / Aux dĂ©buts” (“Humaine”).... sans pour autant renier ses origines: “J’habite le passĂ©, je l’appuie/ De mes paupiĂšres” (“Les fontaines de la mĂ©moire”). Et ce regard plonge dans la lumiĂšre crue d’un monde dĂ©voilĂ© au travers d’instantanĂ©s qui nous Ă©blouissent dans une “contre- vision” au travers d’écrits qui se veulent tĂ©moignages. Ce sera Ă  nouveau la Roumanie, mais cette fois-ci dans la vision de l’autre, qui provoque une nouvelle confrontation avec soi-mĂȘme: “Cet enfant roumain et tzigane / S’accroche 
 Il vient Ă  peine de quitter / Les jupes de sa mĂšre mendiante” (“Enfant du vent”). Voici donc la dure rĂ©alitĂ© de ces compatriotes qui essaient de survivre, Ă  la merci des vendeurs de rĂȘves ensanglantĂ©s et faux-monnayeurs du bonheur: “Leurs comparses / Accrochent Ă  leur gorge / Des idylles moribondes
(De) ceux qui les vendent / Dans les vitrines du sexe- / L’esclavage, l’amour monnayĂ©â€ (“Filles de l’Est”).

Et pourtant... Ce sont ces mĂȘmes racines qui donnent la force Ă  l’auteur de continuer plus loin dans sa quĂȘte du bonheur, vers la lumiĂšre de cette cĂ©lĂ©bration de la vie. “Les bleus de la chanson / Sans adresse / Sont la mesure de la honte / D’oĂč nous allons tirer la force /Si nĂ©cessaire pour rebondir, / Et saisir les joies du monde” (“Au-dessus”).La poĂ©sie se fait catharsis, exutoire des Ă©motions et du trop plein de vie, les souvenirs d’enfance Ă©tant les semences de cette mĂ©moire qui laissent place maintenant Ă  une moisson fĂ©conde, la famille s’agrandit avec les naissances heureuses des petits enfants, et dans cette gĂ©nĂ©ration mixte aux deux pays, l’intĂ©gration est rĂ©ussie. “Cette femme attend stupĂ©faite et / Blanche / Le miracle de la naissance.” (“L’arĂŽme du sein”) poĂšme dĂ©diĂ© “A mes petits enfants franco-roumains:LeĂŻlou, Willyam, Nicolas, LĂ©o, Erine, Iris, Juliette, MaĂ©lie.

Roumaine, femme, et poĂšte: au travers de ses trois composantes, Angela Nache Mamier livre un trĂšs bel hommage Ă  son pays, ses racines et ses ancĂȘtres, ainsi qu’à la Vie toujours porteuse d’espoir et de lumiĂšre, en une lyrique parfaitement achevĂ©e et contenue, toute en dignitĂ© et clairvoyance loin des clichĂ©s et de tout sentimentalisme dĂ©bordant. CĂ©lĂ©bration et tĂ©moignage tout Ă  la fois, empli d’humanisme, ancrĂ© dans la rĂ©alitĂ© comme l’est notre pain quotidien. Une poĂ©sie salvatrice tout autant qu’un cri du cƓur.

Nicole Pottier, postface.

***



Celebratio
KogaĂŻon Editura, mai 2008
Collection Nauta, n°1.


***

Deux poÚmes en vidéo :
Le centenaire, le vieil Ilie (avec Angela Nache Mamier.)
Elytres de sang ( avec Evy Grandrie, artiste peintre de Frontignan).

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