***

L'Amour aurait ses propres caprices, ses propres règles, ses propres fantaisie. L'Amour aurait son propre langage. Et qui, parmi nous, peut se vanter de savoir déchiffrer ce langage, d'en mesurer toute son étendue, d'e soupçonner toute sa richesse et d'en sonder toute sa profondeur ? Certes, pas moi. D'ailleurs, il n'existe pas encore de science qui étudie ce domaine-là à ce que je sache.
Je vous propose ces quelques petits dialogues pour jeter un bref éclairage sur les grands mystères de l’Amour.

1

Un jour j'ai surpris tout à fait par hasard une intéressante conversation entre une jeune adolescente et sa mère. Ce dialogue m'a beaucoup renseigné sur le sujet qui nous préoccupe ce soir. Écoutons-les donc en secret et dans le blanc du silence.

- Mais maman, quand saurai-je vraiment si c'est cette personne en particulier que mon coeur aime ?

- Ma chère fille, tu le sais seulement lorsque ton coeur s'abandonne, ton corps se donne et ton âme frissonne comme personne auprès de cette personne.

Que peut-on penser de cette bride de conversation ? Ne peut-on pas extraire quelques ingrédients qui épicent le plat amoureux ? Il semble que l'Amour se cuisine dans le DON, l'ABANDON et le FRISSON. Mais comment en être bien sûr puisqu'il n'y a point encore de science dans les choses de l'Amour ?

2

Ces derniers jours, je me promenais dans un parc et je surpris à l'improviste une autre conversation. Cette fois-ci, c'était entre un jeune adolescent et son père. Tendons l'ouïe sans faire trop de bruit.

- Mais papa, quand saurai-je vraiment si c'est cette personne en particulier que mon coeur aime ?

- Mon cher fils, tu le sais à coup sûr lorsque ton coeur chantonne, ton corps carillonne et ton âme tourbillonne comme personne auprès de cette personne.

L'Amour serait donc aussi CHANSON, CARILLON et TOURBILLON. Quel grand cuisinier pourrait me dire avec certitude comment s'apprête les mets amoureux ?

3

Hier je me baladais près de la rivière, l'âme en rêverie et la tête en folie, je marchais sans but comme une gitane lorsque j'aperçus à la dérobée un jeune couple d'amoureux. Ils étaient appuyés tous les deux à un vieux saule pleurnichard. Et qu'entendis-je ? Mes oreilles captèrent cette petite merveille.

- Mon cher Amour, ne sens-tu point que je t'aime ? J'ai la tête qui déraisonne, le corps qui frissonne et l'âme qui tourbillonne. Ne sens-tu point que je t'aime, cher Amour ?

- Ma chère Bien-Aimée, ne vois-tu point que je t'aime aussi ? J'ai le corps qui bouillonne, le coeur qui klaxonne et l'âme qui chantonne. Ne vois-tu point que je t'aime aussi, ma chère Bien-Aimée ?

Je crus reconnaître sur ces deux jeunes visages le sourire du vieux patriarche à barbe blanche, ce même sourire d'ange qui rappelait celui d'Aimer d'Amours et de son petit frère Mourir d'Amours. Peut-être me suis-je trompé ? Peut-être avais-je rêvé ? L'Amour est si proche parent du Rêve et de la Poésie.

***

Oui, il ne faut jamais l’oublier : le Rêve et la Poésie sont les enfants jumeaux de l'Amour et comme tous le savent, il n'y a pas d'Amour qui ne transforme une personne soit en poète, soit en rêveur.