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La bestiole
poetry [ ]

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by [Célé ]

2010-03-15  | [This text should be read in francais]    | 



Voyez l'Hydre de Lerne, observez le centaure
Enserrés l'un et l'autre à l'oeil de l'aigle d'Aure.
Le manchot empereur des manchotes, narguant,
De sa banquise et de sa mer d'huile d'argan,
La glotte enrhumée des gargarismes de l'aube,
Va, sur un moignon, se faire la gorge chaude.
De l'heure très précise : A quatorze heures onze !
Pendu comme une maille à cette chair de bronze
Se balance l'après et d'écueil en écueil
Quel est ce corps blanchi qui gît dans ce cercueil ?
Maintenant que l'on ôte, au fond des bétaillères,
Des têtes des chevaux, de semblables oeillères
Pour frotter l'oeil en deuil galet contre galet,
Dans la paume des mains comme un fin osselet.
Hombre ! Les ombres, aux grilles des cimetières
De guerriers affamés, d'infâmes émeutières,
Embrochent le poitrail des ténèbres. La peur
En galette de sang recuit à la vapeur.
Voici sur la commode une somme modique :
Côte à côte misère et tout l'or du Klondike !
Comme molaire creuse abrite le malheur
Dans la bouche entrouverte entendez sa râleur !
A la laisse du chien traîne, ladite épouse,
De sales noms d'oiseaux dans la glaire et la bouse.
Les coqs chantent la mort des poules... Au secours !
La crête sous la hache, au fond des basses-cours,
S'accroche le tympan de l'oreille des mâles
A la pointe du jour aux plaintes animales.
Sourd, aveugle, muet, le singe donne à l'un
Les aumônes de l'autre et comme un margoulin
Sans rien voir, sans entendre, élabore la feinte
Des muettes douleurs de la pieuse défunte.
Aux cornes du chagrin danse señorita,
De sa taurine au coeur, comme une muleta.
Les dents de sagesse, aux tétines de la hyène,
Tètent le lait des jours couleur de terre sienne
Brûlée. Et brûle encore en ce même chalet
Une peau de vache au pied d'une vache à lait.
Brûle encore et toujours un foyer satanique
Où la cendre du soir ranime la panique.
Et l'ex, sur la mauvaise herbe qu'il arracha,
Régurgite, marri, son vulgaire crachat.
Mendiant animal, le cocu de l'Essonne
Couche sous les ponts sans couché avec personne.
Des mains de chlordécone, un dimanche à Longchamps,
Cloîtrent à double tour la folle clé des champs
De falotes aigreurs qui partent en cavale
Comme des chevaux fous quand la rumeur s'emballe...

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