Tôt ce matin le cimetière était glacial
Pourtant de la terre montait une chaleur
Et la saison dans mon cœur était hivernale
Pourtant il y brûlait un feu, une douleur.

Heureux comme un corbeau sur un arbre sans vie
Le soleil blond cachait ses rayons aux passants
Et mes mots ont pris le deuil au seuil de l’ennui
Mes mots se sont vêtus d’oripeaux repoussants.

Demain, peut-être, dans le cimetière vide
La terre aura durci sans les pas des amants
Et demain l’air prendra ses couleurs livides
Un brouillard intense rauque et inquiétant.

Je serai là encore, ma main sur la pierre
Dans ce monde minéral et pourtant vivant
J’aurai dans le regard ce souvenir amer
C’est celui qu’ont les gens qui aiment en rêvant.

Demain le cimetière restera froid
Tout comme aujourd’hui tout comme hier
Puisque tu ne seras plus jamais là
Puisque toi tu dors dessous la terre.