J’AIME A JE

J’aime à jouer, à jouir, à je …
Des taquineries de vagues,
Sur mes cuisses irritées,
Entre mes scissures grises,
Failles que failles de mon âme.

Elles me pèlent les méninges,
Du matin au soir,
Et m’interpellent par des clichés mouillés,
Et collantes comme bises d’enfants.

Merci pour la vague, pour la tasse de sel,
C’est à dire pour "le Sens",
Des gros maux qui ruissellent et se précisent
Sans cesse.

Mot à mots : preuves, épreuves, flots,
Submergées, immergées.
Car le verre n’est jamais plein,
L’île jamais conquise,
La mer jamais vidée de son sens,
L’épreuve jamais terminée !

Jeux, enjeux, sentis, ressentis, comme noyés
Entre songes et mensonges, émotions
Et motions partagées.

Les vagues à l’âme valent leur pesant d’or,
Je n’en dors plus que d’un sommeil de crabes,
Mes valises ontologiques pleines d’un lourd héritage,
Entre varechs à rêver et parfum à marées.

Les vagues m’agacent,
Dans une sainte et saine turpitude,
Une liberté qui ne me coupe pas de Dieu,
Père du Flux et des fluxions de bonheur.

Ces flux et reflux, c’est le phrasé des mers,
Un déhanchement, un tangage charnel,
Nuancé comme des corps en déséquilibre.

Les vagues sont comme des voies d’eaux
Avec ses raclées, ses coups de marées,
Synthétique et systématique,
Avec ces oiseaux de mers, qui font,
Du big-bang au rock and roll,
Mémoires.

Souvenirs du blues, de swing et d’gospel.
Souvenirs, mêlés à la mélodie vocale dominante du vent,
Accompagnée par la guitare basse des eaux profondes,
Et la batterie des digues aux cuivres écumeux,
Comme de majestueux couchers de Soleil.

Roland REUMOND