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Le Marchand d’Artmelo (1)
prose [ ]

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
by [h.p.sebastian ]

2025-11-06  | [This text should be read in francais]    | 



Il y a du silence dans la Rue Sans Nom.
Ou peut-être pas de silence — peut-être la pluie.
Une pluie étrange, qui n’humidifie pas, mais qui efface : les couleurs, les voix, les visages.
Tout semble couvert d’un rouge foncé, nuance des commencements qui ne savent plus finir.
Dans un coin de la scène, une voix lasse résonne :
— Le commencement est toujours la fin du souffleur. Je suis, donc je m’envole.
C’est l’Ombre qui parle.
L’Ombre, celle qui n’a jamais eu de visage, mais qui porte toutes les voix.
La lumière tombe obliquement sur le décor gris.
Au centre, une chaise.
Assis dessus, la Tête Condamnée au Silence, fixant un mur nu.
Autour, le Chœur des Morts Sans Ombre murmure une prière sans mots.
Par la gauche entre le Lecteur, vêtu sobrement.
Il frappe trois fois à la porte du décor.
Personne ne répond.
L’Ombre s’incline vers le public :
— Le Lecteur marche courbé. Il porte sur son dos les sacs des mots des autres.
Sur le mur, une pancarte : HÔPITAL D’EUROPE.
Ici, chaque acteur est un patient, chaque réplique un diagnostic.
Les Aveugles à la Lunette se frôlent, cherchent les formes du monde et ne les trouvent pas.
Sur scène, l’Arlequin Sans Pensées répète :
— Que la scène ne s’éteigne pas. Que la scène ne s’éteigne pas.
Le Lecteur demeure silencieux.
L’Ombre le regarde :
— Tu lis les livres des étrangers, dit-elle.
— Je ne fais que lire, répond-il.
— Et moi, je ne fais qu’écrire. Mais écrire est une maladie.
La Tête Condamnée au Silence tend au Lecteur un billet :
« Treize sans infini. »
Personne ne demande ce que cela signifie. Ici, les signes ne s’interprètent pas — ils se vivent.
Les couloirs sont pleins d’échos.
Sur les murs, les mots ruissellent comme la fièvre.
Le Lecteur monte l’escalier avec l’Ombre.
— Artmelo, dit-elle.
— Qu’est-ce qu’Artmelo ?
— Un lieu entre la nuit et le jour. Entre la réalité et ce que l’on rêve quand le sommeil s’est enfui.
Ils s’arrêtent devant une porte : Chambre Sans Couleur.
L’Ombre regarde par le trou de la serrure — personne. Elle entre.
Sur la table, une feuille blanche, un stylo, un carnet ouvert.
Au plafond, un papillon géant, éblouissant.
— Écris, dit l’Ombre.
Le Lecteur écrit : C’est de l’imagination.
— Non, insiste-t-elle. Écris : C’est la vie.
La feuille se met à flotter, se change en avion de papier.
Dans le couloir, des pas approchent.
— Les voici, murmure l’Ombre.
— Qui sont-ils ?
— Ceux qui tuent le rêve. Ceux qui ne dorment jamais.
Trois coups frappés à la porte.
La Tête Condamnée au Silence disparaît.
Le Chœur entonne doucement :
« Artmelo... Artmelo... et le silence. »
« Au commencement, il y eut un coup frappé à la porte.
Puis j’ai ouvert les yeux.
J’étais à l’Hôpital d’Europe. On m’a dit que c’était un théâtre d’amateurs.
Je suis monté sur scène sans connaître mon rôle.
Ils m’ont appelé Arlequin.
J’ai applaudi une salle sans spectateurs.
On m’a ordonné d’écrire, mais la feuille s’est mise à brûler.
J’ai compris alors que ce n’était pas un rêve.
Tout était réel. Cruel.
On m’a appris à mourir chaque soir et à renaître chaque matin.
Et chaque matin portait un seul nom : Artmelo. »
Au matin, le Lecteur sort de l’Hôpital d’Europe.
Dans la Rue Sans Nom, il pleut encore — d’eau ou d’oubli, qu’importe.
L’Ombre le suit un moment, puis se dissout dans l’air, ne laissant qu’un écho :
— Artmelo est le commencement et la fin d’une seule et même histoire.
Et pourtant, quelque part, dans la Chambre Sans Couleur, la feuille blanche flotte encore.
Sur elle, on peut lire, en lettres tremblées :
« Le Marchand d’Artmelo — à vendre seulement à ceux qui ne rêvent plus. »


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