Sur le toit des roucoulements, les vierges
Brodent ma langue sur les pétales des lauriers.
Au sud de mes souvenirs, les regards des cavaliers
Transportent nos rêves au-delà de l’Andalousie.
Dans les yeux de ma mère, les noms des chevaux
Prennent l’allure des couleurs de la terre et du miel.
Sur les anciens sentiers de mon âme, le ciel
Est très nu et les colliers des tourterelles
L’enveloppent de l’alphabet amoureux.
Sur le chemin qui mènent à l’abîme, les étrangers,
Pensifs, dorment, debout, couvert de leurs ombres.
Dans les tatouages de ma voisine, le passé imparfait
Relate la véritable cosmogonie numide :
La fiancée de l’eau enfante une lune et une jument….
Nous et l’éternité en sommes les habitants.
Sur les terrasses de l’ennui, les anciens combattants
Perpétuent la même question : où est la tête de l’ogre?
Sur les routes qui sillonnent Volubilis,
Les femmes portent les noms des fleurs
Et les adverbes des préludes et des finitudes.
Pendant les moments de plomb, toutes les mères
Cultivent l’espoir et recousent les roses en décrépitude…
Et les soldats continuent à mesurer la distance
Qui sépare l’être et le néant à travers l’œil du canon….