agonia
english

v3
 

Agonia.Net | Policy | Mission Contact | Participate
poezii poezii poezii poezii poezii
poezii
armana Poezii, Poezie deutsch Poezii, Poezie english Poezii, Poezie espanol Poezii, Poezie francais Poezii, Poezie italiano Poezii, Poezie japanese Poezii, Poezie portugues Poezii, Poezie romana Poezii, Poezie russkaia Poezii, Poezie

Article Communities Contest Essay Multimedia Personals Poetry Press Prose _QUOTE Screenplay Special

Poezii Românesti - Romanian Poetry

poezii


 
Texts by the same author


Translations of this text
0

 Members comments


print e-mail
Views: 9457 .



Des larmes et des saints, extraits
prose [ ]

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
by [Emil_Cioran ]

2010-06-04  | [This text should be read in francais]    |  Submited by Guy Rancourt



*
Pour le baiser coupable d’une sainte, j’accepterais la peste comme une bénédiction.

*
Serai-je un jour assez pur pour me refléter dans les larmes des saints ?

*
Au jugement dernier on ne pèsera que les larmes.

*
Seuls le paradis ou la mer pourraient me dispenser du recours à la musique.

*
La limite de chaque douleur est une douleur plus grande.

*
Seigneur, n’es-tu qu’une erreur du cœur, comme le monde est une erreur de l’esprit ?

*
Je me suis attaché aux apparences lorsque j’ai compris qu’il n’y avait d’absolu que dans le renoncement.

*
Se préoccuper de la sainteté ; combattre la maladie par la maladie. Aurai-je assez de musique en moi pour ne jamais disparaître ? Il est des adagios après lesquels on ne peut plus pourrir.

*
L’avantage de penser à Dieu c’est de pouvoir dire n’importe quoi à son sujet. Moins on lie les idées les unes aux autres, plus on a de chance de s’approcher de la vérité. Dieu profite, en somme, des périphéries de la logique.

*
« Croire » à la philosophie est signe de bonne santé. Ce qui ne l’est pas c’est se mettre à « penser ».

*
Il y a des êtres sur lesquels Il ne peut se pencher sans perdre son innocence.

*
Sans Dieu tout est nuit et avec lui la lumière même devient inutile.

*
Tous les déclins sont là pour me soutenir.

*
L’idée de Dieu est la plus pratique et la plus dangereuse jamais conçue. Par elle l’humanité se sauve ou se perd.
L’ « absolu » est une présence dissolvante dans le sang.

*
J’écoute le silence et ne puis étouffer sa voix : « tout est fini ». Ces mêmes paroles ont présidé au commencement du monde, puisque le silence l’a précédé…

*
Tout est frivole – y compris l’Ultime. Une fois arrivé là, on a honte de toute interrogation capitale.

*
Il y a dans la vie comme l’hystérie d’une fin de printemps.

*
Ni assez malheureux pour être poète… ni assez indifférent pour être philosophe, je ne suis que lucide, mais assez pour être condamné.
« Je vis de ce dont les autres meurent « (Michel-Ange). Il n’y a rien d’autre à ajouter sur la solitude…

*
Le monde n’est qu’un prétexte. Nous avons besoin de penser à quelque chose – et nous l’avons choisi comme matière à réflexion. Aussi, la pensée ne manque-t-elle pas une occasion de le détruire.

*
Le dernier mot de toute religion : « la vie » comme une perte d’âme.

*
Tout ce qui en moi aspire à la vie exige que je renonce à Dieu.

*
Pardonnerai-je jamais à la terre de m’avoir compté parmi les siens à titre d’intrus seulement ?

*
Le Paradis gémit au fond de la conscience, tandis que la mémoire pleure. Et c’est ainsi qu’on songe au sens métaphysique des larmes et à la vie comme le déroulement d’un regret.

(E. M. Cioran, Des larmes et des saints, 1937)

.  |








 
shim Home of Literature, Poetry and Culture. Write and enjoy articles, essays, prose, classic poetry and contests. shim
shim
poezii  Search  Agonia.Net  

Reproduction of any materials without our permission is strictly prohibited.
Copyright 1999-2003. Agonia.Net

E-mail | Privacy and publication policy

Top Site-uri Cultura - Join the Cultural Topsites!