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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2005-06-07 | [This text should be read in francais] |
En juin 2005, le Centre Culturel Français mettra en place les premières Rencontres Photographiques de Timisoara intitulées «SUREXPOSITIONS», rencontres entre la photographie documentaire et la photographie artistique.
Afin de dynamiter les frontières intellectuelles et artistiques entre la photographie ‘documentaire’ et la photographie ‘artistique’, ces Rencontres, destinées à devenir un événement annuel, sont des Rencontres de toutes les photographies. Conçues comme un moment de questionnement et de décryptage des images, il s’agira à la fois de Rencontres professionnelles et d’expositions destinées au grand public. Dans un monde saturé d’images médiatiques et personnelles, ces Rencontres permettront de réfléchir sur le statut et la fonction des images dans notre société et de se demander quelle valeur ont encore les photographies documentaires. A force d’être exposée, l’image perd-elle ses couleurs et son sens ? Ne devient-elle pas une symbolisation supplémentaire de stéréotypes ? Le regard de l’artiste sur le monde, par le biais de la photographie, peut–il alors redonner du sens aux images? Les frontières entre la photographie ‘artistique’ et le photojournalisme sont sujettes à bouleversements, comme le constate Michel Poivert dans son article Le photojournalisme érigé en objet culturel ; le reporter, entre artiste et témoin historique, l’esthétisation du photojournalisme, la photographie plasticienne, comme le témoignage d’un contexte socio-historique. L’une des spécificités de ces Rencontres sera de mettre en évidence le regard de l’Europe Centrale sur cette question. Pour cette première édition, la problématique s’articule entre l’idée d’Evolution et celle de Révolution. Les sociétés d’Europe Centrale ont connu ces cinquante dernières années des bouleversements considérables. Il s’agira, à travers le regard du photographe – reporter et artiste – de rendre visible cette évolution mais aussi de lui associer un sens. Cette évolution a aussi été traversée de coups d’accélération qui ont pris la forme de révolutions et façonné l’imaginaire collectif par les images qui en ont été diffusées : de Budapest en 1956, en passant par Prague en 1968, jusqu’à Belgrade en 2000, sans oublier bien sûr Timisoara en 1989. Réfléchir sur les images des Révolutions en Europe Centrale c’est aussi réfléchir sur le concept même de révolution : comment et pourquoi les images de ces événements ont-elles contribué à définir ces événements de « Révolutions » ? Ces Rencontres se dérouleront à Timisoara ; or, la question de l’image de Timisoara est intimement liée à la question des images elles-mêmes, celles diffusées par les journaux du monde entier en décembre 1989. Timisoara est devenue la ville de la manipulation par l’image, le symbole du danger des images documentaires qui, prétendant donner à voir la réalité, la travestissent. Le vocable même a suivi l’image : on ne parle pas en Europe occidentale de la révolution de Timisoara, mais « des événements de Timisoara ». *** Gilles Saussier "Voir sa nuque" L’exposition de Gilles Saussier représente un condensé de la problématique même de ces Rencontres. Sa démarche personnelle de photographe s’inscrit justement au croisement de la photographie artistique et journalistique, pour proposer une recréation du monde par la photographie. Le parcours même de Gilles Saussier révèle ce « mélange des genres ». Photographe pour l’agence Gamma, il prend en décembre 1989 les photographies de Timisoara et de Bucarest qui allaient faire le tour du monde : soldats mitraillés dans les rues, mouvements de foule et bien sûr charnier de Timisoara. Gilles Saussier a ensuite quitté volontairement la photographie de presse à laquelle il reprochait de ne plus parler du monde mais de reproduire des canons esthétiques. Il fallait qu’il réinvente sa photographie pour pouvoir à nouveau parler du monde. C’est ce dont témoigne le superbe travail Living in the Fringe entamé au Bengladesh. Tableau de chasse, 2005. ©Gilles Saussier En 2004, Gilles Saussier a choisi de revenir à Timisoara, sur « le lieu du crime » pour mettre en questionnement ces premières photographies qui lui ont assuré à l’époque une reconnaissance internationale fulgurante. Il s’agit aussi, par ce nouveau travail photographique intitulé « Voir sa nuque », de rendre justice à Timisoara, à l’image de cette ville et de s’interroger en même temps sur le statut du photographe de presse. *** Cosmin Bumbut membre fondateur du groupe 7zile, a reçu en 2003 le prix du meilleur livre d'art de l'année avec son magnifique « Transit » publié chez Humanitas. Photographe consacré dans les domaines de la mode et de la publicité, Cosmin Bumbut propose des clichés où le cadrage modifie notre perception des dimensions, de l'espace. D'autres clichés déstabilisent ; un élément au loin, un mouvement trop rapide pour l'Å“il, des ambiances de fin du monde, un clin d'Å“il du personnage comme pour réintroduire le regard de l'artiste, sa perception du monde. Vodka drinkers, Victoria, noiembrie 2004 ©Cosmin Bumbut *** Razvan Jigorea jeune photographe de Timisoara, membre fondateur du ‘Quad group' et du forum de critique photographique Punctum, nous proposera son regard artistique sur l'articulation entre évolution et permanence de la société roumaine depuis la Révolution à travers une série de photos prises dans le Maramures. Les clichés de Razvan Jigorea témoignent d'une quête d'images où l'on devine la vie. Cherchant à recréer une émotion sans proposer des photos trop ‘évidentes', Razvan Jigorea fixe un mouvement, laissant paraître, en transparence, l'histoire qui se cache derrière l'image, le moment de vie qui précède et justifie la photo. Minijupes, talons hauts, Botiza, 2003 ©Razvan Jigorea Vieille femme des Maramures, Ieud, 2003 ©Razvan Jigorea *** Andrei Pandele Entre témoignage historique et poétisation du réel, les photographies d'Andrei Pandele, semblent réintroduire la quotidienneté de l'Homme dans le l'évènement historique. A partir de clichés pris avant 1989, lors de la Révolution et depuis, il devient possible d'appréhender l'histoire récente de la Roumanie sur laquelle Andrei Pandele appose son regard décalé. Des photos teintées d'ironie, parfois douces-amères. Uniunea Artiştilor Plastici din România Filiala Timişoara(UAPT) Un soldat se rase, Bucarest, Roumanie, 1989 ©Andrei Pandele/Ostphoto Dernière queue pour du sucre, Bucarest, 1982 ©Andrei Pandele/Ostphoto *** Adrian Pîclişan L’avènement de la démocratie, notamment à travers les élections, est incontestablement l’une des évolutions principales issues de la Révolutions de 1989. Que l’on considère cela comme une évolution positive ou négative, l’élection de Traian Basescu en 2004 a marqué un réel tournant dans la vie politique de la Roumanie post 1989 puisqu’elle signifie la fin du règne des ‘communistes repentis’. Photographe de presse pour Mediafax et primé récemment, Adrian Pîclisan proposera une série de clichés journalistique de cette campagne électorale présidentielle, donnant ses deux versants à voir ; d’une part les hommes politiques lancés dans cette course au pouvoir qui implique un jeu médiatique et d’autre part les électeurs, qui appellent leurs compatriotes aux urnes ou qui (ré)apprennent le rite du vote. 45 ans, 2004 ©Adrian Pîclisan/MediafaxFoto *** Gardi Balazs Tout en évoquant son enfance dans des blocs, Gardi Balazs propose un regard à la fois artistique et sociologique de l'espace urbain et de ses habitants. Artiste issu du photojournalisme, Gardi Balazs parle de la ghettoïsation sans l'esthétiser, de la misère sociale sans la dramatiser. La forme des ses photographies soutient leur contenu : les cadrages simples et le choix du noir et blanc suggèrent l'ordinaire et accentuent le hiatus entre un arrière-plan bétonné, vétuste et les personnages photographiés. (sans titre), 2004 *** Răzvan Ion Răzvan Ion, artiste, commissaire d’exposition et écrivain est également l’éditeur-fondateur, aux côtés d’Eugene Radescu, d’un des seuls magazines d’art contemporain ArtPhoto, plus particulièrement dédié à la photographie, à la vidéo et aux nouveaux média. Chez Răzvan Ion, l’art contemporain parle de la société contemporaine ; ainsi, il transpose ses interrogations sur la société d’aujourd’hui en installations artistiques qui proposent une double réflexion visuelle et sociétale. Après s’être interrogé sur les ‘identités cachées’, sur les idéologies contemporaines que véhiculent la société de consommation et sur les cannons de beauté, Răzvan Ion proposera dans le cadre de « Surexpositions » une installation vidéo intitulée « Quiet_quiet_minute ». Quiet_quiet_minutes « est une introspection dans les derniers moments de pouvoir d’un dictateur ; de Nicolae Ceausescu, ancien dirigeant communiste de Roumanie. Il fait son dernier discours du haut d’un balcon. Désespéré de perdre le pouvoir, son attitude évolue en une étrange dénégation de la réalité. Et même plus que cela, il essai de promettre une ridicule hausse des salaires. Son dernier mot au peuple a été ‘silence’, espérant encore pouvoir contrôler la foule. Deux jours plus tard, il était exécuté. L’installation vidéo, qui diffuse une même scène en boucle, montre la réalité virtuelle dans laquelle un dictateur peut vivre. » (Răzvan Ion) Quiet quiet minutes ©Răzvan Ion *** Contact: Centre Culturel Français 46 Bd. C.D. Loga 300020 Timisoara, Roumanie Tel: +4 0256 490544/ +4 0256 201453 Fax: +4 0256 490543 [email protected] Source Internet : Centre Culturel Français de Timisoara |
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