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Lettre à Sabine et aux Amis Juifs
essai [ ]

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par [angela furtuna ]

2005-02-24  |   

Literary Translation - Translations of classic and original poetry and other materials %Ce texte est une suite  | 



Chère Sabine,

Je pense fréquemment à toi et à vous, mes Amis, plus particulièrement, juifs de la communauté d’Internet. Néanmoins, aujourd’hui, j’ai pensé à toi avec encore plus d’intensité, ainsi qu’à tous les juifs que je connais ou que j’ai récemment rencontrés. En ce jour, le monde entier commémore le soixantième anniversaire de la libération des camps. Les juifs pleurent. Je pleure également à leurs côtés, à genoux et demandant pardon, car je ne suis qu’une simple créature et je ne peux rien faire pour changer l’histoire. Cependant, je peux créer à travers mon Art, dans ma Poésie, dans le Mot, un territoire mental où ne feront plus leur nid nulle part ni l’horreur ni l’abolition de l’humanité.


Combien parmi vous ont laissé des membres de leur famille là-bas, dans les camps de la mort, dans des fosses ou des urnes inconnues ?

Combien parmi vous ont l’âme emplie de cicatrices qui ne se ferment pas et qui ne peuvent non plus se fermer pour cause d’absurdes blessures ?

Combien parmi vous ont perdu le sommeil pour toujours ?

Combien parmi vous pleurent de douleur chaque jour un frère, un mari, un grand-père ou un père, engloutis dans les gueules voraces des fours ?

Qui vous portera dans ses bras et dans son cœur pour adoucir votre souffrance ?

Qui vous portera dans son esprit tel un stigmate, témoin des éternelles interrogations sur la condition humaine en l’absence d’une mesure étalon des dignités humaines ?

Qui vous rendra le bonheur et la joie de vivre, véritablement et dignement, sans souvenirs traumatisants de chaînes attachées au cou ou de numéros tatoués sur le bras ?

Qui s’occupera de votre âme comme d’une terre saine et prospère, où personne ne sera plus persécuté sans raison ?

Combien parmi vous ont perdu racines et sève en perdant des ancêtres gazés dans les camps ?

Combien parmi vous ne peuvent encore oublier la tragédie et ne peuvent encore aimer à nouveau l’humanité qui s’est tenue à l’écart, passive, en un temps où les idéologies perverses se cherchaient de nobles justificatifs pour un crime aux théories philosophiques raffinées ?

Combien de temps sera nécessaire pour ramener l’esprit humain à un mode normal qui prétend abolir de manière obligatoire le danger antisémite ?

Où se trouve aujourd’hui votre sérénité ?

Où se trouvent aujourd’hui vos cœurs, sans cesse éprouvés par les dangers et les menaces ?

Où se trouve aujourd’hui votre paix ?

Où est maman ?

Où est papa ?

Où est grand-mère ?

Où est grand-père ?

Où est l’arrière grand-mère ?

Où est l’arrière grand-père ?

Où est tante Athena ?

Où est la famille de Ruth ?

Où sont les grands-parents de Gaby ?

Où est la maman d’Igor ?

Où est le grand-père de Vlad ?

Où est la famille de Daniel ?

Où est la famille de Lou ?

Où est la famille de Rafaël ?

Où est la maman de Lya ?

Où est l’arrière grand-mère de Glenn ?

Où est la tante de Bette, celle aux dents blanches et brillantes artificiellement ?

Où sont les oncle et tante de Sabine ?

Où sont les proches parents et les amis de Schlomo ?

Où sont les proches parents de Vladimir ?

Où sont les amis de Viorel ?

Qui se souvient encore de l’odeur de leurs corps, que personne ne consola ?

Qui se souvient encore de leur âme tourmentée, que personne ne consola ?

Qui se souvient encore de l’écran de leurs pensées, que personne ne consola ?

Qui peut oublier les yeux des enfants qui regardaient la cour avec envie de jouer, ils montèrent cependant rapidement dans les wagons ou furent emmenés dans les chambres pour être torturés avec leurs gémissements comme musique ?

Qui peut oublier les yeux des mères qu’on séparait brutalement de leurs enfants qu’on envoyait en troupes inquiètes dans d’affreux recoins d’esprits malades qui transfiguraient criminellement la face du monde ?

Qui peut oublier les yeux des hommes et des femmes qui étaient marqués tel du bétail pour le sacrifice et ensuite dénombrés dans la raillerie, battus et abandonnés dans des casemates qui remplissaient ensuite les vallées allemandes d’une fumée lourde et nauséabonde ?

Où est la paix des âmes fatiguées et éprouvées par ce malheur d’histoires invraisemblables ?

Quand se terminera le génocide de cette physionomie qui se prolonge jusqu’au-delà de nous dans un autre, plus horrible et plus calculé ?

Quand commenceront à donner des fruits la paix et la tranquillité, où l’humanité pourra picorer des graines de vérité et de sobriété ?


Ici, chez moi, la neige est tombée, qui a construit des géants enneigés. En une seule nuit, le relief a disparu. On ne voit plus les gens. Ils sont maintenant petits, réduits à leur véritable condition d’êtres insignifiants face aux forces de la nature. Or, en face de Dieu, quelle importance revêt chaque vie humaine… Survient le vent qui balaie ensemble et les enneigés et les pensées confuses, il balaie également mes larmes et ma douleur, ainsi que ma force morale. De moi, il ne reste que l’axe de moi-même, qu’un être complet contracte à ce contact et dont la conscience structure l’intégralité dans une éternelle tentative. Chaque soir, comme un « souviens-toi », je continue de voir un autre visage tourmenté qui me raconte sa peine, son odeur de chair brûlée, ses larmes d’ivoire, le numéro qu’il portait tatoué sur le bras, son envie de vivre qui lui fut interdite de manière abusive, et confisquée sans droit d’appel. Ce visage, toujours autre, - qui se démultiplie avec le temps en une réflexion évolutive sur le crime et la survie collective – ce visage s’est métamorphosé en l’histoire du peuple juif condamné à mort dans les camps d’extermination, vue depuis la conscience et l’âme d’un poète. Il se trouve que ce poète se nomme Angela Furtuna, et je crois que je suis effectivement un être qui porte en soi des millions de noms et des millions de numéros, à savoir autant que ceux qui ont disparu dans des camps ou au cours des tentatives d’exterminations qui précédèrent les camps du 20ème siècle, ou qui leur succédèrent.

Si aujourd’hui, je suis en vie et peux pleurer, c’est parce qu’une personne moins chanceuse que moi il y a de cela quelques décennies, a été désignée pour mourir à ma place, étant juive.

Si aujourd’hui, je suis en vie et peux pleurer, c’est parce que j’ai appris à aimer tout ce qui m’élève à travers la conscience humaine vers l’excellence, au-delà de l’état maladif des esprits contaminés par des idéologies assassines.

Si aujourd’hui, je suis en vie et peux pleurer, c’est parce qu’au-delà de mon être, s’étend une conscience telle un territoire mental angélique, qui embrasse tous les juifs et leur demande pardon et caresse leurs visages fatigués, également à genoux au bord de leur souffrance comme au bord d’une pierre tombale géante où mon univers s’adosse ainsi que sur la civilisation judéo-chrétienne ressuscitée.

Si aujourd’hui, je suis en vie et ne pleurerai plus, c’est parce que j’ai bâti en moi un contrefort à travers lequel la culture et l’art donnent les signes les plus clairs représentant de solides fondements à partir desquels nos mondes modernes et pleins d’espérances peuvent vaincre l’antisémitisme, l’intolérance, la discrimination, le potentiel des politiques criminogènes.

Dans le site où je fais paraître quotidiennement depuis un certain temps quelques unes des pièces de mon œuvre littéraire, j’ai publié aujourd’hui trois « kaddish », je tiens aussi à rappeler à mes lecteurs qu’ils pensent, s’ils l’avaient oublié, qu’aujourd’hui est un jour important, où l’humanité se doit de racheter sans faute ni délai toutes les amnésies et les lâchetés. L’humanité doit voir encore et toujours que les juifs sont une leçon de civilisation pour chaque peuple, et donc pour notre monde également conçu et structuré dans la globalisation.

Page auteur : Angela Furtuna


Je pense à vous, Sabina et amis juifs, avec amour, et je vous souhaite le meilleur de moi-même, ainsi que toute mon espérance, dans l’espoir de pouvoir être proche de vous autant que possible, de sorte que vous vous sentiez aimés, appréciés, désirés partout où vous guideront les pas de l’histoire. En somme, votre foyer est une patrie spirituelle aussi vaste que celle de Dieu et il lui a fallu toute Sa vie pour la garder pure et intègre.

Je m’incline devant vous et vous adresse en pensée mon meilleur souvenir .


(Traduction : Nicole Pottier)


Angela Furtuna






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