Ô de ton appartement du troisième étage,
Où l’été la chaleur étouffe
Où l’été l’humidité sur tes vieux s’os s’appuie
Quand les anciens amants rodent
Autour de la table solitaire de la cuisine
Plus personne jamais
Ne viendra te passer le sel à table
Ô de ton appartement
Seule avec la lueur du couchant
Sur le parc désolé au gazon jauni et vieilli
Sans fleurs pour l’égayer
Que des voyous encore et encore
Que des voyous à la télé
Mais n’as-tu reçu qu’une seule fleur
Oh oui, comme il t’en souvient
Une seule fleur à la main
La jeunesse, pâtissière,
On t’a donné une fleur
Un amant ton bonheur imaginé
Maquillée le soir bien mise
Le bain chaud prêt
Le repas servi tu
Tu l’attendais
Belle, splendide, belle
Oh, oui
Ce que tu tournais toutes les têtes
Belle
Ivre seulement ivre d’alcool
Ivre de sa vie de traître
De sa sexualité
Il entrait
Toi tu souriais prête à le recevoir
Oh oui une seule fleur à la main
On te l’a donnée
Quand tu étais pâtissière
Jeune femme battue par sa mère
Une fleur comme un rêve
Vers une vie où la violence un peu moins
Une vie enfin LIBRE mais oui ça doit être possible
Une fleur pour la pâtissière
Et quoi, maintenant, seule à la table
Une fleur et quoi
Une fleur c’est de la poussière
Une fleur c’est tes vieux os de misère
Une fleur c’est tes vieux yeux verts grands ouverts
Grand-mère tu vas mourir
Tu vas mourir
Une fleur sur ta tombe
Je vais me souvenir
Grand-mère
Ta tendresse ton amour
Ta force ton courage
Pauvre dans l’appartement trop exigu
De la rue Villeray
Sur le BS avec 4 enfants pas de mari
Travail au noir
Spaghetti au souper toujours pour les flots
Mais pas souvent pour toi
Tu vas mourir
Et je sais au fond
Que ta vie n’aura pas été
Cette liberté tant espérée
Que tu attends tu attends
Qu’elle vienne un soir
Avec ton chat tu seras éveillée
En pleine nuit
Et tu mourras
Ne pleure plus
Je sais où tu t’en vas
C’est là où je vais moi aussi
Je t’aimerai toujours
Ton amour brûle encor dans mes veines
Ta ferveur me consume et ta lumière vit
Et je te vois sourire toujours