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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2015-07-08
| [This text should be read in francais]
Quelque part derrière nous il devrait se trouver une île
où les oiseaux crient comme au début du monde et les hommes apprennent les premiers mots, où une femme découvre l’art en dessinant sur le sable avec son doigt le contour de l’ombre de son amant. Quelque part derrière nous il doit exister, avant les mots et avant toutes les blessures, il doit exister un mot avec lequel on pourrait tout avouer, ou il doit se trouver un silence égale à tous les mots, il doit exister de l’eau limpide qui ne se remplit pas de sang quand un oiseau crie ou on s’en souvient, il doit exister une eau limpide où je n’ai pas peur de laver mes mains, mon visage et ensuite m`y regarder sans crainte, sans tristesse et sans être obligé de sourire, oublier ce que nous a rendu coupables envers nous-même et envers les autres. Mais où se trouve cette ile, monsieur Gauguin, si vous, en Tahiti, n’avez pas appris plus que espérer c’est presque vivre? Où existe-t-elle cette île, sinon en nous-même? Le péché c’est le Grec, le dites vous-même. Donc c’est notre faute d’avoir construit le Parthénon? D’avoir sculpté et admiré Vénus de Milo? Non, monsieur Gauguin, votre histoire me guide en fait vers la conclusion qu’après tant de siècles et tant d’erreurs, après tant d’espoirs et tant de renvois, on ne doit plus chercher le bonheur que près de nos mains. On ne peut pas demander à l’art de retourner avant les mots et si un bon matin les oiseaux traverseront la falaise étourdis de soleil et personne ne dira pas plus que les oiseaux sont étourdis de soleil et si un beau jour les vagues laisseront sur le sable d’étranges traces et personne n’en dira plus sinon que les vagues ont laissé sur le sable d’étranges traces, alors, regardez bien le corps de Tehure, peut-être vous découvrirez dans la flamme cuivrée une déesse de marbre qui retrouve l’un des deux bras perdus pour dessiner, en imitant les hommes, le contour de l’ombre de son amant, sans même savoir c’est quoi l’art. *traduit du roumain Venus din Milo – Octavian Paler
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