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c'est pas mon Bébé
prose [ ]

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by [BOKAY ]

2012-09-02  | [This text should be read in francais]    | 



C 'est pas mon Bébé!



C'est un samedi de Décembre. Laure et Clovis font leurs courses de la semaine dans leur supermarché habituel. Assise dans sa poussette, la petite Marie, deux ans, tend son bras et essaie d'attraper tout objet à sa porté et de le porter à sa bouche. Noël approche et le rayon ''jouets'' des grandes surfaces s'est transformé en jardin féerique. Accrochées à des poutres métalliques, des banderoles multicolores affichent des slogans publicitaire et des Pères Noël gonflables se balancent en tête de gondoles... C'est le bonheur des enfants!
Nous sommes en pleine crise économique mais cela ne semble pas affecter la galerie marchande qui est noire de monde. Laure, les deux mains fermes sur les poignées de sa poussette, zigzague pour se frayer un passage, Clovis la suit.
Passant devant la librairie, Clovis tourne la tête vers sa compagne et range son caddy près d'un tourniquet à cartes postales.
--- Je reviens, dit-il. Juste le temps d'acheter mon magazine.
Clovis entre dans le magasin, jette un œil rapide sur les couvertures des magazines auto et en choisit deux. Puis, passant devant le rayon des magasines féminins, il en saisit un, le lève au dessus de sa tête et l'agite de gauche à droite en direction de sa compagne. Distinguant mal l'image de couverture, Laure lâche la poussette et avance de quelques pas. Elle s'apprête à donner son approbation d'un rapide hochement de tête, quand soudain toutes les lumières du supermarché s'éteignent. L'obscurité est totale et instantanée.
Laure n'a qu'une pensée, sa fille, et elle crie:
---Marie! Marie!
Dans le noir absolu, la précipitation et la bousculade,
Laure trébuche sur un présentoir à journaux et se retrouve au sol. D'autres personnes tombent sur elle, crient et se débattent. Laure pense aussitôt à sa fille, avec peine elle réussit à se relever et crie de toute la force de ces poumons :
--- « Marie! Marie! Ma fille, où est ma fille ? ».
Clovis, comprenant instantanément le tragique de la situation, entreprend de progresser, bras tendus en direction de sa femme et de sa fille. Mais la cohue est indescriptible, les gens crient et se percutent de tous côtés. Dehors il fait nuit, aucune lumière ne filtre de l'extérieur du Magasin. Des flashes lumineux provenant des téléphones portables rayent l'obscurité de façon désordonnée. Mais ces lumières qui apparaissent et disparaissent furtivement ne permettent pas de s'orienter. Guidé par la voix de son épouse, Clovis se rapproche.
--- Laure, tu es là?
--- Oui, ici, dit Laure en brassant l'air de ses bras.
la main de Laure rencontre celle de son compagnon qui agitte son portable à la façon d' un essuie-glace en folie. Mais soudain:
--- Regarde Laure! La poussette! C'est Marie!
Le cœur de Laure s'emballe subitement, elle se précipite sur sa poussette, la saisit fermement par les deux poignées et tante de se frayer un chemin vers la sortie. Dans cette quasi obscurité elle ne distingue pas très bien sa fille, mais qu'importe Marie est là. La bousculade s’accroît, des bandes de jeunes profitent de la situation pour chapparder tout ce qui se présente et s'enfuient en bousculant les clients. La petite Marie s'est mise à pleurer. Jamais Laure n'a été aussi heureuse d'entendre sa fille pleurer. La pauvre, elle aussi a dû être choquée. Au bout de la galerie, les phares des voitures manœuvrant dans le parking s' entrecroisent en jets de lumières furtifs et désordonnés. A côté de Laure, une femme en larme hurle qu'on lui à pris son caddy rempli de courses. De jeunes enfants circulent en tout sens à la recherche de leurs parents.
Enfin, ils arrivent au portillon circulaire qui, faute d' électricité, ne fonctionne que grâce aux bras de forts gaillards transformés en bêtes de sommes pour l'occasion. Mais dehors, les phares des voitures qui éclairent par flash ne permettent pas de distinguer l'intérieur du landau et un vent glacial accompagné d'une neige fine, rajoute à la confusion générale. Une voiture leur fait face et les aveugles, brièvement, mais cette lumière furtive suffit à Laure pour se rende compte que cette poussette qu'elle tient si fermement dans ses mains n'est pas la sienne. la forme est identique, mais la sienne est bleu et celle-ci est mauve.
Laure se penche pour voir le Bébé, Victor a déjà sorti son portable et dirige la faible lueur vers le visage de l'enfant. Le couple regardent pétrifiés le visage de l'enfant qui est devant eux.
--- C'est pas mon Bébé, Dit Laure, c'est un garçon!
L'enfant regarde autour de lui, il est faiblement couvert et il a froid. Ses parents lui ont certainement ôté son habit chaud dans le magasin. En effet, plongeant une main sous la poussette, Laure découvre un manteau. Elle s'en saisit et couvre l'enfant qui s'est remis à pleurer. Mais Marie, ou est Marie? Laure est en larme, Pendant quelques secondes, Clovis se demande s'il ne rêve pas, mais non, la situation est bien réelle et il faut se reprendre. Le magasin à deux entrées.
---Reste ici, dit Clovis, moi je fonce à l'autre entrée et je vérifie chaque poussette.
A l'autre entrée, c'est le même spectacle, les clients se bousculent, se montrent agressifs, et crient leurs colères à l'encontre de la grande surface. Clovis ne ménage pas ses efforts, il s'est placé au milieu de la grande porte et scrute la foule qui s'agite en tous sens dans l'espoir d'apercevoir sa fille. L’hyper marcher se vide, un quart d'heure passe, puis une demi-heure, puis une heure et toujours aucun signe de Marie.
Soudain, la lumière revient, partout en même temps, c'en est presque aveuglant. Les derniers clients sortent et le personnel de sécurité se déploie à l'affût des derniers chapardeurs.
Clovis se dirige vers l’accueil qui se situe à l'autre extrémité. Il marche d'un bon pas et balance sa tête de droite à gauche à la recherche de sa fille. Un attroupement s'est formé devant l’accueil autour d'une jeune femme en sanglots. Elle tient une poussette, Clovis s'approche.
--- Mais c'est ma poussette, s'exclame t-il, c'est Marie!
Clovis bouscule les badauds, se jette littéralement sur la poussette, se penche et reste un instant figé et sans voix devant sa fille qui le regarde comme si rien ne s'était passé.
---C'est votre fille? dit la jeune femme.
---Oui, c'est ma fille, répond Clovis les yeux remplis de larmes de joie. Ma femme est à l'extérieur avec une poussette mauve et un petit garçon à l'intérieur.
--- C'est mon fils, c'est Matéo, Mon petit, où est-il?
La jeune femme pousse un cri de soulagement, serre son compagnon dans ses bras et quand elle relâche son étreinte, Laure les a rejoint. La jeune femme plonge ses bras dans la poussette, soulève son bébé et le colle tout contre sa poitrine.
--- Nous avons eu une de ces peurs! dit la jeune femme.
--- C'est la même chose pour nous, répond Clovis, nous avons eu la peur de notre vie.
Les deux couples ont fait connaissances et sont même devenus amis. Marie et Matéo se portent bien et sont devenus les meilleurs amis du monde

Jean-Jacques Boquet 2012

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