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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2006-05-09 | [This text should be read in francais] |
LA MAGIE DES QUATRE SAISONS
20 décembre 2005 FLAVIUS ET TOI. Flavius, petit garçon non voyant connaît les secrets de la nature des pays tempérés. Pour parcourir une année entière soit quatre saisons, le petit garçon a une jolie méthode : la musique. Grâce à elle, il quitte son monde en noir et rêve de devenir un jour « chef d’orchestre ». Mais comme beaucoup de monde, tu te poses sûrement des questions : -Peut-il voir les formes et les couleurs ? -Comment peut-il lire et écrire ? Ne sois pas pressé ! Ton ami t’invite à le suivre et te raconte : La Magie des quatre Saisons. * CHAPITRE I Les trois mois de l’hiver 20 janvier…Flavius fête ses cinq ans. Dans la classe où sa maman enseigne*, ces copains lui souhaitent : -« Joyeux anniversaire Flavius ! » et ils lui offrent un CD des quatre saisons d’Antonio Vivaldi*. Tous s’assoient et dégustent le gâteau apporté pour l’occasion sur un fond sonore du CD qui résonne toute la journée. Mais, malgré ce jour de fête, tous les enfants doivent apprendre et Flavius comme ses amis doit écouter les directives* de la maîtresse. Tandis que tous les élèves découvrent et déchiffrent les lettres, les chiffres ou dessinent, lui, manipule des legos, des puzzles ou tout autre matériel qu’il peut toucher. Dans le monde obscur où il vit, le petit garçon ne peut pas participer à toutes les activités alors, il rêve. Il rêve de musique. Quand il en entend, il décortique chaque mesure et fait un film dans sa tête. Chez lui, il dispose de tous les instruments tant il est passionné. A l’écoute d’un air nouveau, il s’acharne* à le reproduire avec son accordéon. Mais aujourd’hui, Flavius est pensif et sa mère sait qu’il travaille sa mémoire, qu’il décode ce qu’il entend du CD des quatre saisons. Elle sait qu’il trie et met en image les bruits de la nature, les phénomènes météorologiques*, le cri des animaux, le chant des oiseaux, le bruit des pas de l’homme sur la glace, l’eau du ruisseau qui murmure et frappe les galets. Dans ces moments de grande concentration*, le garçonnet est aussi calme et glacial que la saison d’hiver. Soudain, la sonnette de sortie scolaire retentit et Flavius sort de sa léthargie*. Il entend les bousculades et les brouhahas de ses copains qui se précipitent à franchir le seuil de la porte. La classe devenue plus calme, il attrape son manteau, son bonnet, son écharpe et ses gants puis il se vêt. Dehors, il fait très froid, c’est le premier mois de l’année et le cœur de l'hiver. Il cherche à entendre les bruits émanant de la nature mais il a entendu dans la musique de Vivaldi que l’hiver les oiseaux ne chantent plus, que l’eau du ruisseau ne coule pas. Il entend ses pas qui craquent sur le sol gelé ou qui sourdement s’enfoncent comme sur du coton. Il sent le vent glacial siffler sur ses oreilles et toute cette nature endormie autour de lui. Il sait que les végétaux tout enrubannés de givre ont réduit leurs activités et leur respiration. Les animaux qui le peuvent sont partis dans des pays chauds, d’autres hibernent* dans les terriers, les gîtes ou sous les tas de feuilles. Ils se sont mis en boule pour se protéger du froid, ont abaissé leur température corporelle et ont réduit leur respiration. Pour les autres qui ne partent pas et n’hibernent pas, ils ont augmenté leur graisse, leur plumage ou leur fourrure. Même les hommes réduisent certaines activités extérieures ; ils passent plus de temps dans les chaumières à déguster des bons plats mijotés au coin du feu. Sous leurs grands manteaux et leurs chapeaux, dehors ils ne montrent que le bout de leur nez. Il n’y a plus de nourriture dans la nature et les animaux ont dû se faire une réserve amassée dans leur gîte ou leur tanière pendant les belles saisons pour ne pas crier famine. Flavius voit tout cela dans sa tête. Il n’est pas sot et même s’il n’aime pas cette saison, il sait que cette somnolence est bénéfique pour la nature et qu’il doit patienter encore un peu. Quand il s’ennuie, il saisit sa trompette, prend une bouffée d’air et souffle dans l’embouchure de son instrument d’où jaillissent* les sons. Il souffle chaque jour jusqu’à ce que les notes claires et justes émettent* do, ré, mi, fa, sol la, si. Et là , doucement, les oiseaux s’approchent et sifflent. La neige fond et la terre se réchauffe sous les rayons du soleil. Le petit garçon est heureux alors il range son manteau et s’écrie : -« Adieu, hiver glacé ! Tu ne piqueras plus le bout de mon nez pour le gercer*. Tu as endormi la terre où tu es passé ! File hiver pendant une année* car je ne peux plus te supporter ! Laisse ta place au printemps, ne reviens que dans un an ! » A ces mots, s’installe doucement la nouvelle saison, celle qui fait renaître* l’ouverture des cœurs, du bonheur et l’éveil de la nature dans toutes ses splendeurs. * CHAPITRE II LES 3 MOIS DU PRINTEMPS Oh ! Joli mois de mars, toi qui apporte la joie, la gaieté et la bonne humeur ; toi qui redonne la vie à une nature endormie, toi qui donne l’abondance* de tes pluies aux animaux et aux végétaux ; toi qui fait sortir les hommes, pousser les fleurs et croître* les arbres de ta lumière ; que tu es beau et bon ! Avec mars, avril et mai, les arbres respirent, accroissent leurs branches, se garnissent de bourgeons, de feuilles, de fleurs puis de fruits. Partout apparaissent les premières fleurs sauvages nées de la terre. C’est le printemps. -Youpi ! C’est le printemps et l’herbe grasse ! Les hirondelles reviennent par milliers et font leurs nids. Tous les oiseaux gazouillent, chantent et pondent des œufs d’où sortiront les oisillons. On entend dans les montagnes, les forêts et les plaines, les animaux qui gambadent, émettent des cris ou butinent : cerfs, écureuils, bovins, lapins, chevaux, grenouilles, papillons et insectes. Les ruisseaux murmurent et tous les animaux cherchent à se reproduire. C’est la saison des amours ! Dans son jardin, Flavius est enivré* par toutes les fleurs qui l’embaument*. Il les touche, les effleure, les caresse, les sent, prend leurs empruntes* avec ses mains. Il les connaît toutes et il sait que des couleurs existent, que le soleil et le citron sont jaunes, que la mer est bleue comme le ciel. Mais le jaune et le bleu de Flavius ne sont pas ceux que tu vois, toi. Ses couleurs à lui, sont l’imagination de sa tête, un noir différent de ce qu’il voit constamment. Flavius a aussi des différences avec l’ouie, le toucher, le goût et l’odorat. Ses sens sont plus subtils* que les tiens. Sais-tu qu’avec une grosse paire de chaussures, Flavius peut te dire : « Sur le sol est collée une bande adhésive », toi tu ne le peux pas ! Dans la cécité*, tous les sens* sont en éveil. Dans son jardin, il entend les hommes qui retournent la terre, sèment les graines, tondent les pelouses, l’abeille qui butine, et son cœur s’accélère de joie. Heureux, il saisit une guitare, du pain dur qu’il émiette autour de lui et enfin gratte de ses petits doigts agiles les cordes de la caisse. Au bout de quelques jours, il apprivoise les oiseaux et certains se posent sur ses épaules. Le jour où Flavius est capable de jouer une sérénade, quand le soleil est plus ardent et que tous les arbres sont bien feuillus, arrive la troisième saison. * CHAPITRE III LES 3 MOIS DE L’ETE Juste avant la chaleur accablante* de l’été au solstice* du mois de juin, les jours sont les plus longs de l’année. Les oisillons quittent leur nid, les vacances commencent, les animaux ont quittés leurs fourrures, le feuillage des arbres sert de parasol, d’autres nous offrent leurs fruits juteux et sucrés. Les rivières et les ruisseaux sont gorgés* d’eau pour accueillir pêcheurs et baigneurs. Dehors, les enfants jouent et crient leur joie de vivre. Tout le monde se déshabille et enfile les tenues légères et les maillots de plage. La nature, les magasins et les personnes sont parés de couleurs éclatantes et lumineuses comme le soleil. Les vacanciers se couchent plus tard, font la fête à l’extérieur et on entend des musiques folkloriques, crépiter* des grillades, trinquer* les verres, le saut des plongeons dans une piscine, des bruits de rames qui poussent l’eau de la rivière et les feux d’artifices qui explosent dans le ciel. Flavius perçoit les odeurs de barbecue qui lui donnent faim, l’iode* évaporée de la mer, le parfum des produits solaires, les barbes à papa du confiseur du coin, la sève des arbres et des pins qui ruisselle sur l’écorce et de plus en plus, la chaleur lourde et accablante de l’été. Chaque soir, avec un accordéon qui émet d’abord quelques râles*, Flavius fait danser famille et voisins. Dans la journée, assis sous l’olivier, il essaie tant bien que mal de simuler* les sons de l’hiver, du printemps et de l’été. Pour y arriver, il entend d’abord le bruitage dans sa tête puis, le fait jaillir de sa bouche afin de jouer cette musique au violon et devenir, ce qu’il espère, un virtuose*. Il s’entraîne avec passion jusqu’à les interpréter. Pendant ce temps, les jours passent et bientôt Flavius devra préférer l’intérieur de son logis. Dehors, le soleil ardent a grillé l’herbe verte devenue jaune et sèche. La nature toute asséchée favorise les feux de forêts et de broussailles qui mettent en danger les soldats du feu appelés pompiers. Dans quelques jours, c’est la fin des vacances et tous les enfants, la peau bien bronzée retrouveront les bancs des écoliers. Dans les boutiques, parents et enfants se ruent sur les dernières nouveautés vestimentaires et scolaires. Les enfants cherchent le matériel à l’effigie* de leur héros et sollicitent* les parents. Dans l’ensemble, ils cèdent espérant qu’ainsi, le petit garçon ou la petite fille ramènera de meilleures notes. Pour Flavius, acheter des livres et des cahiers nécessite de parcourir beaucoup de kilomètres car les librairies scolaires pour les non-voyants sont rares et pauvres en production. Imprimer en écriture braille c'est-à -dire l’écriture en relief* nécessite beaucoup d’argent pour bien peu d’exemplaires. Les aveugles sont douées de capacités sensorielles extraordinaires et dotées* d’une grande intelligence. Pour parfaire sa culture intellectuelle, Flavius doit rechercher des livres avec les signes et les lettres en brail. Ainsi, tout au début de septembre, juste avant la rentrée, toute la famille grimpe dans la voiture. Papa, maman profitent de ce voyage pour emmener Flavius dans un parc d’attractions. Il adore les manèges et les sensations nouvelles qu’ils lui procurent de la tête aux pieds. Chaque année, c’est une découverte où tous ses sens fonctionnent à une rapidité fulgurante. Mais c’est aussi la fin de l’été. Et au retour, le petit bonhomme ne pense qu’à une seule chose : le braille. Il se dit : « J’ai hâte de savoir lire et écrire car ensuite moi aussi j’écrirai, mais j’écrirai de la musique ! Je veux travailler le solfège* ; toute celle qui est dans ma tête, je veux devenir chef d’orchestre ! Alors vite automne et connaissances nouvelles qui me réchauffent le cœur ! Vite école du bonheur avec tes odeurs de craie, d’encre et de papier ! Ouvre-moi vite les portes du savoir, je dois vite grandir ! » Trois jours passent. Le gong sonne et les enfants retrouvent leurs copains, une nouvelle classe et un enseignant inconnu. Les langues se délient et chacun raconte les exploits des vacances. Tous ont leur histoire. Dans la nouvelle classe on prend des petits repères, on fait connaissance les uns et les autres, on écoute le nouveau programme et on sort avec fierté le nouvel attirail que l’on s’empresse de montrer aux copains : « Tu as vu mes baskets, elles sont super, hein ? Regarde mes stylos…ils ont une senteur. Oh…tu l’as acheté où ton cartable ? Il est génial ! » Une véritable compétition de look que parents et enseignants craignent. Les parents pour devoir racheter le tout dernier crayon au goût de fraise ou le pantalon de Harry Potter ; et les enseignants savent que les enfants font une compétition créant des conflits. Enfin deux jours de découverte puis c’est le week-end préparateur des consciences où chacun couvre livres et cahiers et prend de bonnes résolutions* sous les recommandations parentales. Petit à petit, s’installe la dernière quatrième saison. * CHAPITRE IV LES 3 MOIS DE L’AUTOMNE. Un soir de ce début de septembre, éclate un violent orage. Flavius n’aime pas du tout ce bruit qui lui déchire les tympans. Il a entendu ce phénomène plusieurs fois, même dans les concertos de Vivaldi sur les quatre saisons. Pour parer sa frayeur, il se sert de ce chef-d’œuvre et des explications de ses parents pour visualiser les effets des éclairs. Il décrypte le bruit qui gronde comme une masse énorme parcourant le ciel à toute vitesse en faisant tout trembler sur son passage. Pour lui, l’orage est la colère de deux Dieux : celui de l’été qui veut rester régner, et celui de l’automne qui veut le remplacer. Cette hypothèse l’amuse et son imagination florissante grave des notes et des mesures de ce qu’il entend et ressent. De plus en plus vite, les jours rétrécissent, le vent se lève, les orages s’enchaînent et partout les ouvriers s’activent à ramasser les récoltes de leur labeur. Les vignerons font les vendanges Et on ensile les récoltes. Les averses de pluie et les giboulées de grêle perlent et jonchent* le sol. Sous les rafales du vent, les feuilles des branches, jaunies et desséchées de l’été se détachent et tourbillonnent avant de s’aliter* en un gros tapis sur la terre, les allées et les rues. C’est vraiment l’automne reposant et foisonnant, saison des châtaignes que l’on grille au coin du feu quand la nature se déchaîne. Flavius réentend le bruit des saisons dans sa tête et y associe des mesures. Il fait défiler l’hiver, le printemps, l’été, et maintenant l’automne. Tout son corps vibre et s’imprègne* de musique. Ses mains, ses pieds et ses bras s’agitent. Il s’imagine gérer* un orchestre, bât les mesures et fait valser les notes. Il progresse tous les jours et pendant que le temps passe, Flavius grandit. Au cours des mois et des saisons, Flavius acquiert* la lecture et l’écriture braille, prend confiance en lui, devient très autonome*, monte à cheval, fait du vélo tandem* avec les copains, participe à des activités sportives, suit des études de violoniste et tellement d’autres choses encore ! il n’a pas de canne blanche ni chien d’aveugle pour le guider. Pendant des années, après maintes efforts, périples* et exploits*, Flavius devient un charmant jeune homme et qu’elle ne fut pas la surprise de ceux qui l’aiment et le connaissent de lire un jour sur une affiche accrochée en façade sur les murs de l’Opéra : Le 24 décembre Pour les fêtes de Noël, la ville de Timisoara à l’honneur de vous présenter son enfant du pays Flavius LEGRAND Pour sa première orchestration, Flavius et son orchestre vous offre Le fruit inédit de ses créations et le célèbre répertoire d’Antonio Vivaldi dont les 4 saisons. * Épilogue. Et oui, tu sauras jeune lecteur que même avec un handicap, si tu fais des efforts et si tu mets de la volonté, tu peux arriver à tout ce que tu désires. Il te suffit de VOULOIR. Impossible n’existe pas. Rappelle-toi toujours cette belle citation : « Si je veux, je peux ! » Elle est tout à fait vraie. Ne part jamais avec l’idée : « C’est trop compliqué, je ne peux pas ! » Mais dis dans ta tête : « Je peux si je le veux ! » Et comme Flavius tu pourras toujours accomplir tes souhaits et tes rêves ! |
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